Communication institutionnelle : la presse locale snobée au profit des médias étrangers
Si lors de sa rencontre avec la presse nationale et internationale, le 2 septembre 2023, le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) avait donné des gages d’ouverture en matière d’accès aux sources institutionnelles, la réalité semble tout autre. Et pour cause, depuis la prise de pouvoir des militaires et l’installation du gouvernement de la transition et autres institutions, les principaux responsables de ces organes font la part belle aux médias étrangers pour leurs premières prises de parole publiques.
Les autorités de la transition, trouvent-elles peu d’intérêt à s’exprimer sur les antennes et les colonnes des médias locaux ? C’est du moins le sentiment qui se dégage au vu de la propension des responsables des institutions de la transition à préférer s’exprimer dans les médias étrangers pour évoquer les principaux défis auxquels le Gabon doit faire face dans le cadre de ce processus. Des comportements décriés sous l’ancien régime Bongo-PDG qui visiblement ont la peau dure.
Si les prises de parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions semblent être strictement réservées à la chaine d’information en continu Gabon 24 et la chaine de télévision public Gabon 1ère, les sorties médiatiques non seulement du président de la transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema mais aussi du Premier ministre Raymond Ndong Sima ou d’autres responsables d’institution sont-elles réservées à la presse internationale ? Poser la question, c’est y répondre.
Le choix des médias internationaux, du mépris pour la presse locale ?
L’interview accordé à Jeune Afrique par le président de transition à travers laquelle il s’est largement épanché sur les motivations du coup d’État du 30 août dernier et celle donnée par le chef du gouvernement, Raymond Ndong Sima, à France 24 et Radio France international (RFI) ne cadrent pas avec les propos tenus par le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema devant les professionnels de la presse le samedi 2 septembre 2023. Si pour de nombreux observateurs, ses prises de parole semblent avoir pour objectif de convaincre la Communauté internationale sur la bonne foi des militaires pour un retour à l’ordre constitutionnel, elles suscitent cependant, des interrogations sur l’exclusion de la presse nationale, notamment privée. Alors même qu’elle est la plus à même de relayer au mieux le message auprès du public gabonais.
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Les médias nationaux sont-ils aussi indignes de recevoir sur leurs plateaux ou dans leurs colonnes des interventions des autorités de la transition ? C’est sans aucun doute les questions que se poser les professionnels de la presse locale. « Les habitudes ont la dent dure. Cette espèce de fascination ou ruée vers les médias étrangers, du déjà-vu depuis Omar Bongo Ondimba. C’est frustrant tout de même. Pourquoi ne pas réserver la primeur aux journalistes locaux, loi de proximité oblige ? Est-ce reconnaître que nous manquons de crédibilité ? Pourquoi la persistance de ce manque de considération ? », s’est interrogé un journaliste émérite d’Africa N°1.