Commerce de proximité : les 10 nationalités qui dominent le secteur au Gabon

Boutiques d’alimentation, salons de coiffure, quincailleries, lavages automobiles… Le tissu économique informel au Gabon est dominé par des étrangers. Selon un classement exclusif de l’Agence nationale de la promotion des investissements (ANPI-Gabon), les ressortissants maliens, camerounais et sénégalais arrivent en tête des nationalités les plus dynamiques dans la création d’entreprises individuelles, rapporte DirectInfosGabon. Une réalité qui interroge sur la marginalisation économique des Gabonais dans leur propre pays.
Le commerce de proximité, pilier du quotidien pour des milliers de ménages gabonais, est devenu au fil des années le terrain de jeu favori des expatriés, notamment ouest-africains. Dans les artères de Libreville comme dans les villages les plus reculés, leur présence est omniprésente. Une dynamique rendue visible par le classement de l’ANPI, qui confirme une véritable suprématie économique de certaines communautés étrangères.
Les Maliens en tête, les Gabonais à la peine
Selon les données compilées, les Maliens dominent largement le classement, avec 3 025 entreprises individuelles créées, suivis des Camerounais (2 201) et des Sénégalais (2 140). Le top 5 est complété par les ressortissants du Burkina Faso (1 427) et du Bénin (1 255). Les Togolais, Nigérians, Guinéens, Ivoiriens et Libanais ferment la marche, avec des chiffres respectables qui témoignent d’un engagement entrepreneurial fort et constant.
En contraste, les nationaux restent étonnamment sous-représentés. Faute d’accompagnement, de financement structuré et de stabilité contractuelle, les Gabonais peinent à occuper le terrain de l’entrepreneuriat de proximité. Une situation paradoxale dans un pays où l’emploi salarié se raréfie et où la diversification économique est pourtant érigée en priorité.
Ruptures abusives, impayés : les entraves à l’initiative locale
À cette marginalisation économique s’ajoutent des pratiques administratives préjudiciables. De nombreux jeunes entrepreneurs gabonais, bénéficiaires de conventions avec des entités publiques ou parapubliques, se retrouvent brutalement exclus à chaque changement de direction. Ces ruptures de contrat, souvent abusives, plombent l’initiative privée nationale et sapent la confiance des acteurs économiques locaux.
« On signe une convention de prestation avec une direction, et dès qu’il y a un nouveau responsable, on met tout à la poubelle. Sans préavis ni indemnisation », confie un jeune entrepreneur du secteur des TIC. À cela s’ajoutent des retards de paiement chroniques de l’État, qui fragilisent la trésorerie des micro-entreprises gabonaises.
Un réveil nécessaire face à une dynamique étrangère bien huilée
Face à des communautés étrangères solidaires, organisées et soutenues par leurs réseaux, les entrepreneurs gabonais sont souvent livrés à eux-mêmes. La réussite malienne, sénégalaise ou camerounaise dans le petit commerce repose sur des modèles économiques simples, une résilience remarquable et un ancrage territorial fort. Ils créent, développent, emploient, souvent sans filet.
L’enjeu est donc double pour l’État gabonais : reconnaître les dynamiques existantes sans discrimination, tout en instaurant une vraie politique de soutien à l’entrepreneuriat local, fondée sur la stabilité, la confiance contractuelle, l’accès au crédit et l’éducation économique de base. Car sans cela, le risque est grand de voir les Gabonais devenir les spectateurs passifs de leur propre économie.
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