Cocaïne : l’Afrique de l’Ouest sous l’emprise des mafias balkaniques

Près de six tonnes de cocaïne ont été interceptées le 3 septembre par la Marine française au large de l’Afrique de l’Ouest. Une saisie spectaculaire qui illustre une réalité plus inquiétante : la région est devenue une plaque tournante mondiale du trafic, sous l’influence croissante des groupes criminels des Balkans alliés aux cartels sud-américains.
L’Afrique de l’Ouest, nouveau carrefour de la cocaïne. Selon un rapport de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), l’Afrique de l’Ouest n’est plus seulement une zone de transit occasionnelle : elle s’impose désormais comme un pivot central du commerce mondial de la cocaïne.
« Les opérations des réseaux criminels des Balkans occidentaux ont contribué à faire de l’Afrique de l’Ouest un pivot central de transbordement de cocaïne à destination de l’UE », affirme Lucia Bird, directrice de l’Observatoire des économies illicites en Afrique de l’Ouest de la GI-TOC.
Depuis 2019, des groupes venus du Monténégro, de Serbie et d’Albanie ont discrètement tissé leur toile en Gambie, au Sénégal, en Guinée-Bissau, en Guinée, au Cap-Vert ou encore en Sierra Leone. Leur stratégie : exploiter l’expansion des ports maritimes et la faiblesse des contrôles pour inonder l’Europe via des routes maritimes désormais bien établies.
Des alliances criminelles transcontinentales
L’interception du bateau de pêche transportant près de six tonnes de cocaïne confirme l’ampleur du phénomène. Derrière ces cargaisons, se cache une chaîne logistique sophistiquée reliant cartels sud-américains, courtiers africains et réseaux balkaniques.
La GI-TOC met en lumière une mutation : l’Afrique de l’Ouest ne sert plus seulement de point de passage, mais de centre opérationnel où les mafias européennes investissent, recrutent et corrompent pour sécuriser leurs flux. Une transformation qui accentue la vulnérabilité des États côtiers et déstabilise déjà certains systèmes politiques fragiles.
Coopération internationale urgente
Face à cette montée en puissance, les experts plaident pour un sursaut global. Ils appellent à renforcer la coopération transcontinentale entre forces de l’ordre, autorités portuaires et secteur privé, mais aussi à améliorer la collecte de données et le ciblage des courtiers qui orchestrent discrètement ces trafics.
À défaut d’une réponse coordonnée, l’Afrique de l’Ouest risque de s’enfoncer dans une spirale criminelle où ports, corridors routiers et institutions pourraient être durablement infiltrés par les réseaux. Avec, en toile de fond, une Europe toujours plus dépendante et une région ouest-africaine transformée en plaque tournante du crime organisé.
GMT TV