Cemac : le commerce intra-africain, une réponse au protectionnisme américain

Le 24 juillet 2025 au Cameroun, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a organisé une journée dédiée à la dynamisation des économies de la zone Cemac, en présence d’experts économiques, de responsables gouvernementaux et de représentants du secteur privé. Cette rencontre, centrée sur les perspectives commerciales de la Cemac, a mis en évidence la nécessité urgente de repenser les circuits d’exportation des pays de la sous-région. Dans un contexte mondial de repli économique, illustré par la montée du protectionnisme aux États-Unis, les intervenants ont souligné l’intérêt stratégique d’accélérer l’intégration commerciale au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), encore trop peu exploitée.
Avec ses 1,3 milliard de consommateurs, le marché africain représente une opportunité majeure pour les pays de la Cemac. Le Nigeria, géant voisin, est apparu comme une destination naturelle pour l’exportation de produits agroalimentaires transformés (farine de manioc, huile raffinée, jus, poisson, viande) ainsi que de matériaux de construction comme le clinker produit au Cameroun ou au Congo. De même, la Cemac pourrait tirer parti de son potentiel hydroélectrique pour exporter de l’électricité vers ce pays à forte demande énergétique.
Vers une stratégie de diversification et de production locale
Les discussions ont également mis en avant l’intérêt de diversifier les partenaires extra-africains à l’instar de la Turquie, le Brésil ou encore les pays d’Asie du Sud-Est comme le Vietnam et l’Indonésie, qui présentent un fort potentiel de coopération, notamment dans l’agro-industrie, les matériaux semi-finis ou l’énergie. Une diplomatie économique plus offensive, alliée à la signature d’accords commerciaux bilatéraux et à l’attraction d’investissements productifs, permettrait de sortir d’une dépendance excessive à l’égard de la Chine et de l’Europe, qui représentent à elles-seules 60% des exportations de la Cemac.
Il faut dire que la relance économique régionale repose aussi sur la redynamisation du marché intérieur, selon les experts présents à Yaoundé. En effet, chaque année, la Cemac importe massivement des produits de base tels que le riz, la farine, la volaille, ou encore l’huile, alors qu’elle dispose des conditions nécessaires pour développer des filières locales robustes. Il en va de même pour les matériaux de construction, dans un contexte d’urbanisation rapide. Miser sur la production locale et la substitution aux importations apparaît donc comme une réponse structurante face aux tensions commerciales internationales.
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