Cemac : la zone exposée aux effets collatéraux du protectionnisme américain

Le 24 juillet 2025, Yaoundé a accueilli une rencontre stratégique initiée par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), autour du thème : « Défis et opportunités des tarifs douaniers américains pour les économies de la Cemac ». Objectif : analyser les répercussions de la politique commerciale américaine, notamment ses hausses tarifaires vis-à-vis de ses principaux partenaires, sur les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Bien que les exportations directes vers les États-Unis ne représentent qu’une part marginale (2,1 %), cette politique pourrait avoir des effets de ricochet sur des économies déjà fragilisées.
En 2024, les principaux débouchés des produits Cemac sont dominés par l’Union européenne (27,4 %) et la Chine (24,5 %), suivis de très loin par l’Inde (7,6 %) et les États-Unis. Les échanges entre pays membres ne représentent que 5 % du commerce total. Cette faible intégration régionale s’explique par un déficit d’infrastructures, une administration pesante, la corruption et l’absence de complémentarité entre économies souvent tournées vers les mêmes ressources naturelles.
Des effets indirects préoccupants sur la demande mondiale
L’impact direct des tarifs douaniers américains reste limité pour la Cemac, en raison de la faiblesse des échanges bilatéraux. Toutefois, l’effet indirect est plus significatif. En pénalisant les exportations européennes et chinoises vers les États-Unis, ces mesures entraînent un ralentissement de la croissance chez ces partenaires majeurs. Une baisse de leur demande en matières premières affecte mécaniquement les économies de la Cemac, qui restent fortement dépendantes des exportations de pétrole, de bois ou de manganèse.
Pour les experts présents à Yaoundé, cette situation est un signal d’alarme. Il devient urgent pour la Cemac d’accélérer sa diversification économique, d’élargir son portefeuille de partenaires commerciaux, et surtout de renforcer le commerce intra-africain. La vulnérabilité actuelle peut devenir un levier pour engager des réformes structurelles de long terme.
GMT TV