A La UneDerniers articlesPOLITIQUE

Bulletin de vote : Hermann Immongault assume avoir mis la charrue avant les bœufs

Ecouter l'article

A la suite de la controverse la controverse entourant le décret n°0109/PR/MIS du 14 février 2025, qui fixe les modalités du bulletin de vote pour l’élection présidentielle qui diffère de celui adopté en Conseil des ministres le 13 février dernier, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, a tenu à clarifier ce qu’il a qualifié d’erreur materiel. De quoi susciter des interrogations sur le sérieux du processus de préparation de la future élection présidentielle et qui laisserait croire à une sorte d’amateurisme dans l’élaboration des textes réglementaires. 

En effet, c’est à la suite de notre article intitulé Bulletin de vote : le gouvernement pond un décret en contradiction avec l’annonce du Conseil des ministres que le membre du gouvernement a tenu à éclairer l’opinion sur ce qui apparaît comme une véritable cacophonie au sein de l’exécutif. Selon Hermann Immongault, il s’agissait de répondre aux interrogations soulevées à propos des incohérences entre la version initialement adoptée et celle publiée récemment.

La curieuse tentative de justification d’Hermann Immongault 

Pour Hermann Immongault le cœur du débat reposerait sur le bulletin unique et l’enveloppe accolée. Ainsi, la conception d’un bulletin unique ne peut pas être intégrée à l’enveloppe accolée prévue par l’article 121 du Code électoral. Cet article dispose que « le vote a lieu sous enveloppe accolée non transparente comportant deux (2) compartiments » : l’un destiné au choix de l’électeur, l’autre à la collecte des bulletins non utilisés. La nécessité de corriger cette incompatibilité est présentée comme une démarche essentielle pour maintenir la fluidité du processus électoral, conformément aux règles en vigueur.

Hermann Immongault a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une révision de la politique électorale, mais bien d’une simple correction matérielle. « L’objectif reste de garantir un vote clair pour les électeurs », a-t-il affirmé, tentant ainsi d’apaiser les craintes d’une éventuelle manipulation des règles du jeu électoral. Il d’ailleurs ajouté qu’avec la promulgation récente du Code électoral et le Parlement actuellement en intersession, toute modification par ordonnance aurait pu être interprétée comme une tentative de violer la légitimité parlementaire. 

Des explications abracadabrantesques 

Sauf que pour de nombreux observateurs, si cette explication semble tenir sur le fil, elle met en lumière une problématique très profonde sur le sérieux de la démarche entreprise par le gouvernement. Comment comprendre qu’un texte est entériné en Conseil des ministres sous la direction du président de la Transition le Général Brice Oligui Nguema et que le lendemain ce soit un texte totalement différent qui soit signé puis publié au journal officiel ? Si jamais cette incongruité n’avait pas été relevée par Gabon Media Time, le gouvernement aurait-il communiqué pour édifier l’opinion sur ce changement intervenu semble-t-il dans les couloirs du ministère de l’Intérieur ?

D’ailleurs, cet épisode n’a pas manqué de susciter des réactions au sein de la classe politique à l’instar du Docteur en Droit et secrétaire Général du Parti Démocratique Gabonais (PDG) Ali Akbar Onanga Y’Obegue qui sur sa page Facebook a relevé des « des contradictions troublantes entre les décisions prises en Conseil des ministres et leur transcription juridique dans le Journal Officiel ». Pour l’ancien secrétaire général du gouvernement il s’agit soit « d’une manipulation volontaire du cadre juridique électoral afin d’introduire un flou normatif » soit « d’une simple incompétence des autorités en charge du processus électoral ». « L’adoption d’un décret en contradiction avec une loi organique traduirait alors une méconnaissance des textes et une absence de coordination entre les services juridiques et administratifs de l’État », a-t-il relevé. 

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page