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Budget 2026 : le gouvernement face au défi de la crédibilité budgétaire

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Présenté comme le socle d’une gouvernance responsable, le budget 2026 se veut réaliste, orienté vers la performance et la discipline. Mais derrière l’ambition affichée, les pratiques anciennes demeurent. La Banque mondiale, dans sa Note de conjoncture de juin 2025, alerte sur les écarts récurrents entre prévisions et exécutions, qui sapent la crédibilité de la politique budgétaire gabonaise.

L’ouverture en deux temps des conférences budgétaires, d’abord les recettes, puis les dépenses, devait symboliser une rupture méthodologique. Pour l’exécutif, il s’agissait de sortir du pilotage à vue et de construire un budget fondé sur des hypothèses réalistes. Pourtant, dans les cercles financiers, le scepticisme persiste, alimenté par les écarts historiques entre discours de rigueur et dérapages pratiques.

Un cadrage ambitieux, mais un horizon fragile

Le Document de cadrage budgétaire 2026-2028 prévoit une croissance de 3,6 %, assortie d’un effort de consolidation des finances publiques : baisse de la masse salariale à 6,4 % du PIB, encadrement strict des investissements, réduction des subventions. En apparence, le cap est posé. Mais dans les faits, la trajectoire est menacée par les mêmes errements : indiscipline des ministères, ajustements électoralistes de dernière minute, et arbitrages budgétaires contradictoires.

En 2024, plus de 350 milliards de FCFA de dépenses ont été engagés hors trésorerie disponible, révèle la Banque mondiale. Pour 2025, la situation ne s’est guère améliorée : certains ministères demandent déjà des rallonges budgétaires alors que le cadrage est à peine fixé. Ce contraste entre la norme affichée et la pratique réelle continue de miner la confiance des partenaires techniques et financiers du Gabon.

Une gouvernance publique encore sous contrainte

La surbudgétisation chronique et l’inefficacité des mécanismes de contrôle restent les principales failles du système. L’ambition de Gabon 2050, qui vise un « État stratège et performant », se heurte à une bureaucratie fragmentée, rigide et budgétivore. Faute d’une révision profonde de l’architecture administrative et d’un pilotage budgétaire rigoureux, les réformes peinent à produire des résultats tangibles.

Les bailleurs internationaux, eux, ne se contentent plus d’annonces. Ils exigent désormais un suivi en temps réel des dépenses, une reddition de comptes régulière et la conditionnalité des crédits à la performance. Autant d’exigences qui soulignent l’écart persistant entre les engagements du gouvernement et la réalité de l’exécution.

Vers un budget enfin réaliste ?

Pour que le budget 2026 marque un véritable tournant, l’État doit sortir de la logique déclarative. Cela implique, au-delà des slogans, de publier les rapports d’exécution trimestriels, d’évaluer les performances budgétaires par ministère, et de sanctionner les dépassements injustifiés. La suppression des doublons administratifs, qui alourdissent les dépenses sans impact direct, doit devenir une priorité.

Dans un contexte de regain de pression sociale et de rareté des ressources, le Gabon ne peut plus se permettre de subventionner l’inefficience. La crédibilité budgétaire est devenue une condition sine qua non du financement externe, mais aussi de la stabilité économique interne. Sans rupture réelle dans les pratiques, le « budget de la responsabilité » risque de rejoindre la longue liste des intentions sans lendemain.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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