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Boumi-Louetsi : transformer la dotation présidentielle en levier de renaissance locale

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Plutôt que de financer des infrastructures symboliques, les acteurs de Contribution Pour Mbigou proposent d’utiliser les 600 millions FCFA alloués à la Boumi-Louetsi pour relancer des secteurs porteurs : agriculture, artisanat, transport et aménagement du territoire. Leur ambition : faire de Mbigou un modèle de développement rural durable et participatif.

Ils refusent de voir les 600 millions FCFA fondre dans la poussière des projets sans lendemain. Réunis le 8 octobre dernier à Saint-Georges, à Libreville, les membres du bureau exécutif de Contribution Pour Mbigou, élargi aux leaders de la société civile de la Boumi-Louetsi, ont présenté une feuille de route ambitieuse pour transformer cette dotation présidentielle en un véritable levier de développement local.

Au lieu d’investir dans des travaux jugés “cosmétiques” – tribunes, passerelles ou peintures de façade – les participants ont plaidé pour une vision intégrée de développement rural, fondée sur la durabilité, la cohésion sociale et la participation communautaire. « Cette dotation ne doit pas servir à construire des symboles, mais à poser les bases d’une transformation durable », a résumé un membre du directoire exécutif.

Faire de Mbigou un pôle agricole et logistique

Dans leur plan révisé, les acteurs locaux proposent de consacrer une part importante du financement à la relance agricole. Objectif : faire du département de la Boumi-Louetsi le “grenier manioc” de la Ngounié, en créant des zones de production à fort rendement à Nzenzelé, Makongonio et Mbigou.

Ce projet agricole, adossé à un système de transport local à moindre coût, permettrait non seulement d’assurer l’autosuffisance alimentaire, mais aussi de créer une filière d’exportation vers les départements voisins. En parallèle, Contribution Pour Mbigou envisage la mise en place d’un parc d’engins de génie civil destiné à entretenir les routes et pistes rurales en toutes saisons.

Une infrastructure publique de proximité, indispensable pour désenclaver les villages, faciliter l’acheminement des denrées et stimuler les échanges économiques. « Il faut rompre avec la dépendance vis-à-vis des promesses centrales : Mbigou doit apprendre à se prendre en main », plaide un cadre du collectif.

Valoriser la Pierre de Mbigou : un pari identitaire et économique

Mais la renaissance locale ne sera pas que matérielle. Elle sera aussi culturelle et identitaire. Symbole du savoir-faire artisanal gabonais, la Pierre de Mbigou occupe une place centrale dans la stratégie proposée.

L’association projette la création d’un symposium international de l’art et de l’artisanat, axé sur la valorisation de ce patrimoine unique. L’événement, appelé à devenir annuel, pourrait attirer des artistes, artisans et investisseurs du monde entier, positionnant Mbigou comme une « ville-monde de l’art africain », au carrefour de la tradition et de l’économie créative.

Un projet à forte portée symbolique et économique, qui permettrait aux jeunes artisans du département de vivre de leur talent tout en renforçant l’attractivité touristique de la région.

La gouvernance participative au cœur du modèle Mbigou

Pour garantir la réussite de cette transformation, Contribution Pour Mbigou milite pour une gestion communautaire des projets, impliquant directement les populations locales à chaque étape : conception, exécution et évaluation. Une mission de terrain, village par village, sera prochainement organisée afin de recueillir les attentes des habitants permanents et d’intégrer leurs priorités dans le plan d’action final.

L’idée, souligne la plateforme, est simple mais révolutionnaire : « Faire du développement une affaire collective, pas un slogan politique ». Cette approche, si elle est soutenue par les autorités et les cadres du département, pourrait faire école dans d’autres régions rurales confrontées au même sentiment d’abandon.

Mbigou, un laboratoire du développement citoyen

Dans une époque marquée par le désenchantement envers les politiques publiques, la démarche de Contribution Pour Mbigou sonne comme une leçon de gouvernance locale. Ici, la société civile ne se contente plus de réclamer : elle propose, structure et agit.

En remettant le citoyen au centre du processus de décision, Mbigou pourrait devenir, demain, le symbole d’une renaissance rurale gabonaise, où chaque franc investi sert une idée : celle d’un territoire qui se développe par lui-même, pour lui-même.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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