Gabon : affaire Me Eyui Bekele, Bilie-By-Nze alerte sur «la fin de l’État de droit»

Présent devant le cabinet de l’avocate Gisèle Eyué Békalé à Libreville ce mercredi 9 juillet 2025, l’ancien Premier ministre et chef de l’opposition, Alain Claude Bilie-By-Nze, a dénoncé avec véhémence l’intervention de gendarmes dans les locaux de la défenseure de Sylvia et Noureddin Bongo. Il y voit une dérive autoritaire menaçant l’État de droit et appelle les autorités à la retenue.
La tension monte au sommet de l’État. Depuis la révélation de vidéos filmées lors des auditions de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin dans les bureaux des juges d’instruction, la justice gabonaise est au cœur d’un tourbillon politique et médiatique. Alors que le cabinet de leur avocate, Me Gisèle Eyué Békalé, a été perquisitionné ce mardi, la riposte ne s’est pas fait attendre du côté de l’opposition.
« Le pouvoir peut brûler entre les mains »
Venu afficher son soutien à l’avocate, Alain Claude Bilie-By-Nze n’a pas mâché ses mots. Fustigeant la présence de gendarmes dans un cabinet d’avocat sans respect, selon lui, des procédures légales, il a parlé d’une « violation totale des lois et procédures ». Pour celui qui est arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle du 12 avril dernier, « la justice ne doit pas être un outil de règlement de comptes ».
« Son instrumentalisation ne fait que l’affaiblir », a-t-il martelé, mettant en garde contre une escalade institutionnelle aux conséquences imprévisibles. « Le pouvoir peut brûler entre les mains. Il faut garder la tête froide », a-t-il prévenu dans une déclaration ferme mais mesurée.
Une affaire à haute sensibilité politique
Selon des sources concordantes, la perquisition interviendrait dans le cadre de l’enquête visant à identifier l’origine des vidéos ayant fuité sur les réseaux sociaux. Celles-ci, filmées selon les Bongo à l’aide de lunettes intelligentes par les intéressés eux-mêmes, montrent les conditions de leurs interrogatoires. Me Eyué Békalé et ses clients nient toute implication dans leur diffusion.
Mais le contexte rend l’affaire particulièrement inflammable. Sylvia et Noureddin Bongo, aujourd’hui en exil à Londres après leur libération provisoire pour raisons de santé, sont toujours sous le coup de lourdes charges judiciaires : détournement de fonds publics, corruption, blanchiment, usurpation de titres… Une affaire qui continue de polariser l’opinion.
Une défense qui se radicalise, une justice sous pression
En refusant de se présenter ce mercredi à la convocation de la Direction générale des recherches (DGR), Me Eyué Békalé semble poser un acte de défiance assumé, dénonçant une procédure biaisée et politiquement motivée. Un positionnement qui renforce les lignes de fracture dans la société gabonaise, déjà ébranlée par la transition post-Bongo.
Pour Bilie-By-Nze, il est impératif de « ramener le calme dans le pays » et de garantir à l’avocate « la pleine liberté de mouvement » ainsi qu’un strict respect des règles procédurales, notamment l’implication obligatoire du Barreau dans toute action judiciaire visant l’un de ses membres.
« Sinon, ce n’est plus un État de droit »
L’ancien Premier ministre a conclu son intervention en lançant un avertissement solennel : « Si l’on continue ainsi, ce n’est plus un État de droit. Et ceux qui gouvernent aujourd’hui devront en répondre devant l’Histoire. » Un message clair, à l’adresse d’un pouvoir accusé de franchir la ligne rouge.
La Haute autorité de la justice est désormais sommée de s’expliquer. Au-delà du cas Me Eyué Békalé, c’est l’indépendance de la défense, et plus largement l’état des libertés publiques, qui se jouent dans cette affaire à l’écho national et international.
GMT TV