Afrobarometer : les gabonais pour une plus grande autonomie des femmes sur la santé sexuelle et reproductive
Le réseau panafricain de recherche Afrobarometer a récemment dévoilé les résultats d’une enquête réalisée au Gabon entre le 25 avril et le 10 mai 2024. Cette étude met en lumière un soutien marqué de la population gabonaise en faveur de l’autonomie des femmes concernant leur santé sexuelle et reproductive. Environ ⅓ des personnes interrogés estime que les femmes doivent être libres de décider du moment de se marier, d’avoir des enfants et du nombre d’enfants à concevoir.
Le célibat, encore mal perçu dans la société gabonaise, demeure source de pression, particulièrement pour les femmes. Passé 30 ans, cette pression sociale s’accentue. Les familles attendent des unions et des naissances, multipliant les questions intrusives telles que « Quand vas-tu nous présenter quelqu’un ? » ou « À quand ton tour ? ». Cette insistance sociale pousse souvent les femmes à des choix précipités, influençant négativement leur liberté de décision.
Des femmes plus autonomes en matière de mariage et de procréation
L’enquête d’Afrobarometer, menée en partenariat avec le Centre d’études et de recherches en géosciences politiques et prospective (CERGEP), a recueilli les réponses de 1 200 adultes gabonais, avec une marge d’erreur de ±3 points. Les résultats montrent que 75 % des répondants estiment que les femmes devraient être libres de décider si elles souhaitent se marier et quand. Parmi eux, 22 % se disent « d’accord » quand 9% ne le sont pas. Les femmes se montrent plus favorables à cette autonomie que les hommes. En effet, 81 % des femmes soutiennent la liberté de décision en matière de mariage, contre 69 % des hommes. Toute chose qui pourrait s’expliquer par les traditions gabonaises qui font de l’homme le chef de famille, celui qui a le dernier mot.
Concernant la procréation, 62% des Gabonais pensent que les femmes doivent pouvoir choisir librement le moment et le nombre d’enfants à avoir. 70 % des femmes défendent cette liberté, contre seulement 51 % des hommes. Des différences apparaissent également selon le lieu de résidence et le niveau socio-économique. En effet, les ruraux (68 %) et les moins instruits (64 %-65 %) soutiennent davantage cette idée que les citadins (60 %) et les plus instruits (55 %). Les moins nantis (62 %-64 %) sont également plus favorables que les plus aisés (53 %).
Vers une société plus égalitaire
Ces résultats traduisent un changement progressif des mentalités au Gabon. Le soutien à l’autonomie des femmes sur des questions cruciales comme le mariage et la procréation pourrait inciter les autorités et les acteurs sociaux à renforcer les politiques d’égalité de genre mentionnées dans le projet de Constitution voté le 16 novembre dernier.
Ce positionnement reflète une volonté collective de garantir aux femmes un droit fondamental, celui de contrôler leur propre destinée. L’étude Afrobarometer a ainsi souligné un pas important vers une société plus égalitaire, où la liberté des choix personnels des femmes en matière de santé reproductive est de plus en plus reconnue et défendue.
