Affaire Webcor : l’Etat se fait flouer plus de 65 milliards par des fonctionnaires véreux
Nouveau rebondissement dans l’épineux dossier Webcor-Gabon, qui prend de plus en plus des allures de scandale financier impliquant des hauts commis de l’Etat. Alors que la partie gabonaise avait finalement obtenu en mai 2021, une décision en sa faveur devant la Cour d’appel arbitrale de Paris suite au changement de sa ligne de défense, les dernières informations en notre possession mettent en évidence ce qu’on pourrait qualifier de « complot contre l’État ». Portant sur un montant de plus de 65 milliards de FCFA, un protocole d’accord secret signé par Diane Moussounda, Directrice générale de l’Agence judiciaire de l’Etat et Jean-Paul Komanda, Premier président du Conseil d’Etat, a conduit Hervé Patrick Opiangah à porter plainte contre X pour « haute trahison » ce lundi 8 juillet 2024.
70 000 m² sur quatre niveaux comprenant plus de 2560 étals, 420 box et 185 boutiques, ainsi qu’un vaste complexe commercial où devaient être implantées deux grandes surfaces (de plus de 900 m² chacune), des agences bancaires, une garderie, une salle polyvalente, des restaurants et un poste de police. Le Grand Marché de Libreville (GML) avait pour ambition de devenir la principale centrale d’achats de la capitale gabonaise. Pensé et conçu pour être un marché ultra-moderne répondant aux normes internationales, ce marché dont la construction avait pourtant débuté fin novembre 2013 par le maltais Webcor, qui assurait également son financement pour un coût de 27 milliards de FCFA, n’a finalement jamais vu le jour. Au contraire, une interminable saga judiciaire s’en est suivie.
Ntoutoume Emane, point de départ d’une « haute trahison »?
Impliquant de hauts commis de l’État dont Jean-François Ntoutoume Emane, ancien maire de Libreville et plus récemment Diane Moussounda, Directrice générale de l’Agence Judiciaire de l’Etat et Jean-Paul Komanda, premier président du Conseil d’Etat, cette saga judiciaire a connu de multiples rebondissements. Pour rappel, le contrat avait été signé le 12 juin 2010 entre Webcor et la Commune de Libreville, il portait sur la construction et l’exploitation du Grand marché. Il incluait un bail emphytéotique de 60 ans, conclu le 19 avril 2011 entre la mairie de Libreville et la société Grand marché de Libreville et une convention portant diverses exemptions et avantages fiscaux comme douaniers pour faciliter la construction et l’exploitation dudit marché.
Premier élément de controverse, la présence en tant qu’administrateur à titre personnel, de Jean François Ntoutoume Emane, au sein de la société Grand marché de Libreville. Entre malversations et conflits d’intérêts, les deux parties vont finalement rompre leur accord, entraînant toute la saga judiciaire qui s’en est suivie. De cette saga, une première décision en faveur de Webcore du tribunal arbitral de Paris, sommant l’État gabonais de régler pas moins de 65 milliards de FCFA. Après une nouvelle requête et suite au changement de la ligne de défense de l’État gabonais, la Cour d’appel de Paris a finalement annulé, le 25 mai 2021, l’arbitrage prononcé en 2018. Webcor va se pourvoir en cassation et depuis lors statu quo ! Sauf qu’étonnement, ces derniers mois, de nouveaux hauts fonctionnaires auraient pris sur eux de conclure un nouvel accord avec la société maltaise et ce, alors qu’aucun arrêt n’allait dans ce sens.
L’Etat se fait flouer plus de 65 milliards dans l’affaire Webcor
Diane Moussounda, Directrice générale de l’AJE et Jean-Paul Komanda, premier président du Conseil d’Etat, auraient selon nos informations, convaincus les plus hautes autorités de notre pays, d’éponger cette ardoise de plus de 65 milliards de FCFA alors que qu’une décision de justice l’annulait. Un somme colossale équivalente au montant nécessaire à la conception et réalisation de 2 fly-overs et 4 passerelles à Libreville et du nouveau pont d’Ebel Abanga. Rien que ça ! Floué par ces hauts fonctionnaires, l’État gabonais qui doit se trouver les moyens d’équilibrer ses finances publiques dans un contexte d’endettement croissant, se voit dépossédé, par des agents publics qui, au demeurant, n’avait par à intervenir en faveur d’une transaction de cette nature. Toutes choses qui a conduit à une plainte contre X déposée ce lundi 8 juillet par Hervé Patrick Opiangah, en sa qualité de citoyen Gabonais. Cette situation en interpelle plus d’un sur la gestion de la chose publique par des individus en qui le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema a placé toute sa confiance en les nommant à ces fonctions aussi stratégiques.
Dans un contexte où l’Etat gabonais vient de conclure avec toutes les peines possibles, le rachat d’Assala, en s’alliant au Russe Gunvor connu pour son appétence pour les marchés subsahariens du fait de la pauvreté de la gouvernance qui y sévit, cette manœuvre dilatoire de ces hauts fonctionnaires interroge sur la qualité des personnels administratifs en charge de ces questions cruciales de développement et de souveraineté. Elles remettent par ailleurs, en cause, la crédibilité de ces opérations financières impliquant l’Etat gabonais dont la volonté de transparence n’a d’égale que l’absence de clarté, qui a d’ailleurs conduit la récente délégation du Fonds Monétaire International (FMI), à inviter les autorités à rendre publics les contrats pétroliers.