Derniers articlesJUSTICE

Affaire Opiangah : une justice instrumentalisée au service de la manipulation ?

Ecouter l'article

Depuis plusieurs mois, l’affaire Hervé Patrick Opiangah secoue l’opinion publique gabonaise. Accusé d’inceste et de viol sur sa fille adoptive, l’ancien ministre des Mines fait face à des poursuites judiciaires qui, à ce jour, ne reposeraient sur aucune preuve tangible. Malgré les rétractations de la supposée victime et le retrait d’une plainte clé, la procédure suit son cours, soulevant des interrogations sur la crédibilité du dossier et la neutralité de la justice.

Une garde à vue aux allures d’acharnement. Le 20 novembre 2024, Elisabeth Mengue Opiangah est placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête préliminaire. Pendant cinq jours, elle est interrogée par les enquêteurs, confrontée aux plaignants et entendue par le procureur de la République.

Mais contre toute attente, la jeune femme rejette catégoriquement les accusations portées contre son père adoptif. « Lors des confrontations, j’ai clairement affirmé que les accusations d’attouchements, inceste et viol sont totalement infondées. Ces faits n’ont jamais existé », confiera-t-elle plus tard dans une interview exclusive accordée à Gabon Media Time le 27 décembre 2024. Libérée le 25 novembre, elle maintient cette position devant le procureur et le juge d’instruction. Pourtant, le dossier ne sera ni classé sans suite ni abandonné.

Des plaignants en plein revirement

Au cœur de cette affaire, un premier plaignant, Roland Obame Biyoghe, qui accuse Hervé Patrick Opiangah avant de finalement se rétracter. Il aurait découvert, selon ses propres dires, qu’il avait été manipulé par Landry Amiang, l’oncle de la supposée victime. Retirant sa plainte, il espérait voir la procédure s’arrêter.

Mais la machine judiciaire était déjà lancée. Une nouvelle offensive est menée par Lucie Biloghe, ex-compagne d’Opiangah. Cette dernière, après avoir réfuté les accusations lors d’une première procédure à Lambaréné, fait volte-face et l’accuse publiquement d’entretenir une relation incestueuse avec leur fille adoptive sur les antennes de TV+ Afrique et de Gabon Télévisions.

Un acharnement judiciaire ou un dossier vide ?

Malgré l’absence de preuves, l’affaire prend une tournure de plus en plus politique. Des observateurs dénoncent un « procès d’intention » contre l’ancien ministre, dans un contexte où les tensions entre certains acteurs politiques et judiciaires se multiplient.

« Sans victime, il ne peut y avoir d’infraction », rappelle un juriste proche du dossier. « Lorsque la supposée victime elle-même affirme qu’aucun fait répréhensible n’a eu lieu, les principes du droit veulent que l’affaire soit classée. Alors pourquoi maintenir les poursuites ? », martelle-il sous anonymat. 

En parallèle, Elisabeth Mengue Opiangah a porté plainte contre les instigateurs de ce qu’elle considère comme une cabale judiciaire. Mais cette plainte, contrairement à celle qui la vise indirectement, n’a produit aucun effet juridique à ce jour.

Une justice à double vitesse ?

Pourquoi le parquet n’a-t-il pas classé l’affaire alors même que les principaux témoins se sont rétractés ? Pourquoi la plainte de la présumée victime contre ceux qui ont initié ces accusations reste-t-elle lettre morte ? À Libreville, nombreux sont ceux qui y voient une instrumentalisation de la justice. Dans un pays où l’indépendance du pouvoir judiciaire reste un enjeu crucial, cette affaire révèle un malaise profond : l’usage des procédures pénales à des fins autres que la quête de vérité.

Dans l’attente d’une décision du parquet, Hervé Patrick Opiangah demeure sous le coup de poursuites qui, à défaut de preuves, pourraient bien s’inscrire dans l’histoire comme un exemple d’acharnement judiciaire à des fins politiques.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page