Affaire Capello: le chant du cygne du sentiment d’impunité et de la loi de l’omerta?
Il a fallu attendre près de 48h pour que les révélations du journaliste indépendant Romain Molina sur son réseau social et dans les colonnes de The Guardian fassent réagir une partie de la classe politico sportive gabonaise. Réactions d’ailleurs au départ timorées oscillant entre les atermoiements du ministère de tutelle (attendant sans doute la conduite à tenir et les éléments de langage) et la légèreté empreinte de morgue de la Fegafoot s’étant fendue d’un communiqué insoucieux de l’avis des victimes présumées en qualifiant de rumeurs des faits relayés par un média réputé au terme de 2 ans et demi d’enquête. Un classique.
En effet, tel est le modus operandi de la gestion de ce type d’affaires infamantes au Gabon, à l’instar du chien toujours constant dans sa façon de s’asseoir, pour ce qui on souvenance de la jurisprudence du cas Ndouna. À la lumière des faits, difficile de ne pas y voir la fébrilité d’un entre-soi gêné aux entournures et pris au dépourvu, lancé dans une espèce de course contre la montre pour sauver ce qui peut l’être avant de livrer en pâture la brebis galeuse libidineuse, « insufleuse »de présence d’esprit… Mal leur en a pris parce que pendant que l’élite politico sportive tergiversait et feignait de n’avoir pas vu ni entendu, les réseaux sociaux se sont emparés du sujet.
D’indignation en exaspération, de sidération en ras-le-bol et effet Streisand oblige, le sujet est devenu viral et à été en tendance sur le réseau social Twitter et repris par plusieurs rédactions.
Là où on aurait souhaité que l’institution judiciaire s’auto saisisse de l’affaire pour faire la lumière, elle est restée aphone elle aussi, et on se demande bien pourquoi. Il a fallu l’intervention de l’exécutif, exigeant l’ouverture d’une enquête pour que le présumé libidineux coach fasse l’objet d’un mandat d’arrêt et soit appréhendé après quelques heures d’une vaine tentative de cavale.
On se réjouit certes de la levée de boucliers des internautes gabonais qui eux, n’ont pas tergiversé au contraire de l’élite pusillanime et probablement complice; ils sont montés au créneau tout de go pour dénoncer et dire leur colère à telle enseigne que des langues se sont déliées et on a pu voir apparaître les premiers témoignages. Cependant là aussi ce fut deux salles deux ambiances. Au milieu de ceux qui dénoncent et réclament à juste titre justice pour les présumés victimes, s’est nichée une autre catégorie d’énergumènes insoucieux de toute décence et du malheur des autres, qui n’ont pas trouvé mieux que de tourner en dérision une telle infamie. Caché derrière la posture d’immaturité dont ils se réclament désormais, ils ont rivalisé de sarcasme et facéties parfois de quolibets à l’encontre des victimes présumées: preuve s’il en fallait que la bêtise a manifestement pignon sur réseaux sociaux.
Qu’à cela ne tienne, nous nous réjouissons de la mise aux arrêts du serial pédo-criminel patenté ayant servi pendant près d’un quart de siècle sans être inquiété. Espérant que l’ouverture de cette boîte de Pandore et la mobilisation des internautes gabonais signe enfin le chant du cygne d’un système décadent entretenu par le sentiment d’impunité et la loi de l’omerta prévalant dans tous les milieux du même acabit.
Rogombe Kevine