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2nd tour des Législatives : l’abstention, symptôme d’un désenchantement politique des citoyens 

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Le double scrutin législatif et local des 27 septembre et 11 octobre 2025, le premier organisé sous la cinquième République, devait marquer un tournant démocratique pour le Gabon. Après des années d’élections contestées, l’arrivée au pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguema, portée par une forte participation de 70,11 % à la présidentielle, avait ravivé l’espoir d’un nouveau départ. Les dernières échéances électorales, censées consolider ce souffle républicain, ont confirmé la domination du parti présidentiel, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), avec 103 députés sur 145 sièges, chiffres consolidés à date, en attendant le verdict des quatre sièges restants à pourvoir. Mais derrière cette victoire éclatante, une autre réalité s’impose : la désaffection massive des électeurs au premier comme au second tour. 

Le ministère de l’Intérieur n’a pas encore publié de chiffres officiels à l’échelle nationale, mais sur le terrain, le constat est unanime. Les bureaux de vote étaient clairsemés. Dans le Grand Libreville, des centres de votes comme Louis Bigman, Bissegue, Ozangue ou Montalier, les électeurs se sont faits rares. Les statistiques locales parlent d’elles-mêmes. Dans le 2ᵉ arrondissement de la capitale, premier siège, la participation est tombée à 15,42 %, contre 31,47 % au premier tour. Dans le second siège, elle a chuté à 16,32 %, contre 34,11 % précédemment. Nulle part, le taux de participation n’a égalé ou dépassé celui du premier tour. Dans certaines circonscriptions, des députés ont même été élus avec moins de 15 % du corps électoral. 

Un désenchantement politique ?

Cette abstention record interroge profondément la légitimité des futurs représentants du peuple. Plusieurs observateurs y voient le signe d’un désenchantement généralisé après les irrégularités constatées au premier tour, transport d’électeurs, achats de conscience, bourrages d’urnes. D’autres relativisent en rappelant que les législatives ont toujours suscité moins d’intérêt que la présidentielle. « Les Gabonais votent pour un chef d’État, rarement pour un député », nuance un analyste politique local, estimant que la désaffection s’explique autant par la fatigue électorale que par la méfiance envers la classe politique.

Quoi qu’il en soit, ce second tour apparaît comme un sérieux avertissement pour les nouvelles autorités. Si le coup d’État d’août 2023 avait été perçu comme le point de départ d’un renouveau démocratique, la faiblesse de la participation montre que la confiance populaire reste fragile. Restaurer cette confiance exigera plus que des discours. Il faudra des actes forts, une gouvernance exemplaire et une refondation profonde du rapport entre les institutions et les citoyens. Sans une prise de conscience, les promesses de rupture risquent, elles aussi, de s’enliser dans la routine des désillusions électorales passées.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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