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Gabon : 714,5 milliards de FCFA de nouveaux emprunts

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Au premier trimestre 2025, le Gabon a mobilisé 714,5 milliards de FCFA de nouveaux financements, selon le Bulletin statistique de la dette. Si ces ressources alimentent à la fois des projets d’infrastructure et le budget courant, seule une faible part – 18,4 milliards – est clairement affectée à des projets identifiés. Une opacité qui interroge sur la gestion et l’efficacité de ces emprunts massifs.

Une dépendance croissante aux emprunts intérieurs. La répartition des tirages montre un recours presque équilibré entre financements intérieurs (367,7 milliards) et extérieurs (346,8 milliards). Les Obligations du Trésor Assimilables (OTA) captent la quasi-totalité des ressources domestiques, devenant la principale source de financement du Trésor.

Mais ces instruments présentent deux faiblesses majeures : leur coût élevé en intérêts et leur maturité courte. « Le recours excessif aux emprunts à court terme peut compromettre la gestion prévisionnelle de la trésorerie publique », avertit la Banque mondiale dans sa note de conjoncture de juin 2025. Cette dépendance accentue la vulnérabilité du pays en cas de tension sur le marché régional.

Des projets financés, mais peu évalués

Parmi les projets cités figurent la réhabilitation du Transgabonais, la construction de passerelles urbaines et des ouvrages hydrauliques. Des réalisations tangibles, mais dont la viabilité socioéconomique reste largement à démontrer.

En effet, rares sont les projets disposant de données d’impact, de bilans d’exécution ou de transparence sur leurs coûts. « L’efficacité des dépenses publiques est entravée par des processus de passation peu concurrentiels et une planification défaillante », souligne la Banque mondiale. Dans ce contexte, il est difficile de mesurer si les dettes contractées produisent un retour concret en termes de croissance, d’emploi ou de services publics.

L’urgence d’une évaluation indépendante

L’expérience passée démontre que de nombreux projets financés par l’endettement restent inachevés ou sous-utilisés, aggravant la charge de la dette sans bénéfice réel pour les populations.

Face à cette situation, plusieurs observateurs plaident pour conditionner tout nouveau tirage à une évaluation rigoureuse et indépendante de son efficacité. Sans une meilleure traçabilité et une transparence accrue, le risque est grand de voir s’accumuler des dettes à faible effet de levier, fragilisant encore davantage la crédibilité financière du Gabon.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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