Suspension des partis politiques : un complot ourdi par le CTRI pour favoriser des associations fantoches ?
Décidément, la recommandation issue du rapport final du Dialogue national inclusif sur la suspension des partis politiques n’a pas fini de susciter une levée de boucliers au sein de la classe politique gabonaise. La dernière en date est celle de la Coalition pour la nouvelle République qui dans une déclaration rendu public ce vendredi 03 mai 2024, a fustigé cette proposition estimant qu’il s’agissait semble-t-il d’une volonté des militaires au pouvoir de mettre à mort les partis en favorisant l’éclosion d’association acquis à leur cause.
S’achemine-t-on vers un véritable bras de fer entre le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et l’ensemble des acteurs politiques du pays ? C’est du moins le sentiment qui pourrait se dégager au vu des réactions enregistrées ces derniers jours après l’annonce des recommandations issues du Dialogue national notamment celle portant sur la suspension des partis politiques jusqu’à la définition de nouvelles règles de création et de maintien desdites organisations.
Un plan du CTRI pour museler les partis politiques
Si cette proposition dénote semble-t-il d’une volonté des commissaires du Dialogue de mettre de l’ordre dans la pléthore de partis politiques qui existent actuellement, soit près d’une centaine, pour la Coalition pour la nouvelle République, elle est en totale violation des dispositions légales. En effet, cette proposition se heurte aux dispositions de l’article 6 de la Constitution, reprise par l’article 6 de la charte de la Transition, disposant tous deux que les partis politiques et les regroupements de partis politiques légalement reconnus concourent à l’expression du suffrage.
Les conclusions du Dialogue National Inclusif ayant vocation à s’appliquer avant la fin de la transition devant être conformes à la charte de la transition selon l’article 11 du décret n°0115/PT-PR/MRI du 8 mars 2024, son application donc pourrait être contrariée. Pis, au-delà de l’aspect légal, la porte-parole de la Coalition, Rachel Andeme a estimé que cette suspension « cache mal la volonté du CTRI de supplanter les formations politiques au profit des Associations et ONG créées à tout vent pour des objectifs inavoués ». « Cette approche est celle des systèmes à parti unique ou celle des dictatures qui n’acceptent pas le débat démocratique ni la confrontation des idées. Cette position est ni légitimement ni légalement acceptable. », a martelé la Coalition pour la nouvelle République.