Réforme des partis politiques : Bilie-By-Nze dénonce une volonté de museler le pluralisme démocratique

Alors que le texte sur la réforme des partis politiques n’a pas encore été promulgué, les premières critiques fusent déjà. L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’ancien candidat à la présidentielle du 12 avril 2025, a exprimé de vives réserves, estimant que le projet en l’état pourrait servir à restreindre les libertés politiques au lieu de les renforcer.
Au cours d’une conférence de presse tenue le 11 juin 2025, l’ancien chef du gouvernement a vertement critiqué l’avant-projet de loi sur les partis politiques remis le 2 juin au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Selon Bilie-By-Nze, cette réforme, bien que présentée comme une avancée institutionnelle post-dialogue national, cache une intention moins noble. « Ce qu’on nous vend comme une réforme structurelle de la vie politique est en réalité une entreprise de domestication du pluralisme », a-t-il lâché.
Le texte prévoit notamment de nouvelles conditions pour l’existence légale d’un parti politique : 9 000 adhérents requis (contre 18 000 initialement annoncés), la tenue d’un siège officiel, l’ouverture d’un compte bancaire et l’obligation d’obtenir des élus locaux et nationaux. Pour l’ancien Premier ministre, ces critères sont autant d’entraves à la libre expression politique. « Derrière cette architecture juridique, se dissimule une volonté de filtrer la démocratie, de la transformer en démocratie de sélection, et non d’expression », a-t-il martelé.
Une loi de la Transition contestée pour son esprit restrictif
Fruit des délibérations du Comité de rédaction de l’avant-projet de loi, ce texte est censé moderniser et assainir l’espace politique national à l’issue de la Transition. Il impose un encadrement plus strict de la création et du fonctionnement des partis : transparence financière, congrès réguliers, respect des structures internes. Mais pour Bilie-By-Nze, ces critères relèvent d’un mécanisme d’exclusion plus que de régulation.
« Ce type de réforme, sous couvert d’assainissement, risque de produire l’effet inverse : exclure les voix divergentes, empêcher l’émergence de forces nouvelles et perpétuer le contrôle du pouvoir sur la vie politique », prévient-il. Il ajoute que « les dictatures ne naissent pas toujours dans le fracas des bottes, mais dans la froideur administrative des lois qui restreignent l’accès à la citoyenneté politique ».
L’avertissement d’un ancien du système
Si Brice Clotaire Oligui Nguema a tenu à rappeler que les propositions émanent du Dialogue national inclusif, Bilie-By-Nze, lui, voit dans cette réforme « un miroir aux alouettes ». Il défend l’idée que l’essence même de la démocratie réside dans sa capacité à accueillir l’imperfection, l’expérimentation et la diversité des voix, y compris celles issues des marges.
« Les grands courants politiques ne naissent pas dans les palais, mais souvent dans l’anonymat, la précarité, voire la clandestinité. Leur imposer des critères matériels, c’est tuer dans l’œuf leur potentiel », affirme-t-il avec gravité. En somme, la réforme qui s’annonce risque d’assécher l’espace démocratique au lieu de l’élargir. Une critique qui pose une question fondamentale à la Transition : veut-elle moderniser la vie politique ou la mettre sous tutelle ?
À l’heure où le Gabon s’interroge sur l’avenir de ses institutions, la refondation du cadre légal des partis politiques devrait être une opportunité d’ouverture et non un instrument d’exclusion.
GMT TV