Raymond Ndong Sima: «CNSS, des pistes concrètes de solutions»
Le gouvernement fait généralement le reproche à l’opposition de s’inscrire dans une posture stérile, sans contre proposition sur les questions en débat. Cette absence de contre-proposition est utilisée pour stigmatiser la légèreté supposée de l’opposition et son manque de consistance. Voici donc un dossier analysé et assorti de propositions de solutions.
Ce n’est l’intérêt de personne, surtout d’aucun responsable de l’opposition, qu’un désastre comme la faillite de la CNSS survienne. Ce n’est le souhait d’aucun responsable de l’opposition, qu’un excellent outil comme la CNAMGS sombre dans des difficultés financières.
Place donc aux solutions
A court terme : Il est capital, en même temps que le gouvernement doit consacrer une partie des excédents financiers produits par la flambée des prix du pétrole pour payer sa dette vis à vis de la CNSS (créancier privilégié) et reconstituer ainsi en une seule fois ses réserves ; que la masse salariale soit ramenée à 15% des charges. Il va sans dire qu’une fois cette dette payée, il faudra aller à une gestion de la Caisse où les dirigeants seront choisis par les salariés et les employeurs.
Comme le chômage est déjà très important dans le pays, il faut expliquer et convaincre les salariés que leur intérêt est de conserver leur emploi et d’accepter une diminution des salaires pour ramener la masse salariale au niveau préconisé par la CIPRES c’est-à-dire à 15% des charges de sorte que les prestations récupèrent le différentiel et retournent à hauteur de 85%.
La pilule est sans doute amère à avaler mais elle a le mérite de préserver l’emploi, une denrée devenue très rare par les temps qui courent. On peut bien sûr accompagner ce principe général d’aménagements tels que les salariés de plus de 30 ans d’activité et/ou âgés de 55 ans se voient proposer une préretraite avec 50% de leur salaire.
A Moyen terme : Il faut mettre à plat les actifs de la CNSS pour vérifier leur conformité à l’objet social et liquider ceux de ces derniers qui n’en font pas réellement partie.
Par exemple, la CNSS s’est lancée dans le passé dans un programme de constructions de cités se fondant sur l’article 98.2d. Cet article stipule que les ressources de la Caisse peuvent être utilisées selon un programme fixé annuellement par le conseil d’administration pour aider à la construction et à l’amélioration de l’habitat en faveur de familles des assurés.
Comme on peut le constater, cet article en réalité ouvrait simplement une possibilité d’intervention dans un sens bien précis d’accompagnement. Or, il a été exploité non plus pour aider à la construction mais pour construire directement. L’aide à la construction aurait dû porter sur, par exemple, la bonification des taux d’intérêt, mais certainement pas sur la construction directe par la Caisse de cités. Et ce d’autant plus que, toujours selon ce même article 98 en son premier alinéa, le fonds d’action sanitaire et social devait être alimenté par un prélèvement effectué sur les recettes de la caisse pour autant que les réserves des différentes branches, après prélèvement, ne soient pas inférieurs à des montants minimaux.
On peut se demander à ce sujet si les loyers tirés de ces logements, ou espérés des programmes immobiliers que la Caisse a continué à engager, ont bien couvert ou étaient appelés à couvrir les coûts de la construction de ces derniers et donc si, d’un point de vue financier, ces opérations immobilières ont été et sont bénéfiques pour les finances de la Caisse.
On évoque avec insistance le rallongement de la durée du travail pour augmenter les cotisations des assurés. Il s’agit d’une fuite en avant déraisonnable. Le sujet est abordé par rapport aux seuls besoins financiers de la Caisse en en oubliant le second volet qui est celui de l’espérance de vie. Il n’est qu’à voir l’état de ce débat en France où, avec une espérance de vie de 82 ans, les syndicats et une grande partie de la population s’opposent avec la plus grande énergie à une retraite à 65 ans.
Dans notre cas, les partisans de l’allongement de la durée de travail avec une espérance de vie moyenne de 67 ans à la naissance et une retraite qui serait portée à 65 suggèrent que les retraités jouissent en moyenne de 2 ans seulement de leur retraite après avoir cotisé plus de 40 ans dans certains cas. Quel est leur intérêt d’avoir cotisé ?
Pour ma part, il faut au contraire ramener l’âge de la retraite autour de 57 ans pour:
a) libérer les emplois et permettre aux jeunes de mettre le pied à l’étrier du monde du travail et ainsi commencer à préparer leur retraite ;
b) renforcer le système de répartition aujourd’hui en panne du fait d’une situation économique caractérisée par un déficit croissant d’emplois.
R. Ndong Sima