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Rachat d’Assala: le spectre de la mauvaise gouvernance et d’une gestion peu orthodoxe

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La mauvaise gouvernance dans les entreprises publiques du Gabon est un problème persistant, entraînant divers défis économiques et sociaux pour le pays. Manque de transparence, ingérence politique, mauvaise gestion financière, inefficacité structurelle et organisationnelle, sont autant de défis à relever. Loin d’être pessimiste concernant notamment le rachat d’Assala, ces points saillants interrogent sur la capacité des dirigeants actuels à mener à bien cette opération qui au final devrait coûter plus de 1000 milliards de FCFA de nos francs.

Le rachat d’Assala Energy par la GOC via l’Etat gabonais au groupe Carlyle, mettant fin à l’accord initial avec Maurel & Prom (M&P) établi en août 2023, a clairement été influencé par le changement de régime politique à la tête du pays. Les nouveaux dirigeants voulant reprendre la main sur la puissante industrie pétrolière en misant sur des compétences locales en exerçant notamment le droit de préemption de l’Etat. Une démarche légale qui permet de renforcer le contrôle national sur des actifs jugés somme toute stratégiques. Cependant la question de la gouvernance se pose avec une certaine acuité au regard des précédents.

En effet, loin d’être un exemple en matière de gouvernance, l’Etat gabonais ou du moins ses établissements publics ou services publics personnalisés (SPP), souffrent de nombreux maux qu’il aurait été de bon aloi de soulager avant de prendre une initiative aussi importante d’un point de vue financier. Et pour cause. La transparence et la responsabilité dans la gestion des entreprises publiques font défaut. Cette opacité conduit souvent à la corruption, à une mauvaise gestion des ressources et à l’inefficacité. Des points saillants auxquels il faut ajouter l’ingérence politique, étant entendu que les entreprises publiques au Gabon sont souvent confrontées à une ingérence politique indue, les nominations à des postes clés étant influencées par des considérations politiques ou familiales plutôt que par le mérite. 

Une ingérence qui peut entraver le fonctionnement efficace d’Assala

Pouvant entraver le bon fonctionnement de cette société que l’Etat s’apprête à racheter pour plus de 800 milliards de FCFA via Gabon Oil Company (GOC) dont la gestion a d’ailleurs été épinglée par le cabinet Moore Insight dans son rapport sur l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) pour défaut de comptes certifiés entre autres, cette ingérence politique pourrait avoir des conséquences dramatiques et entraîner de mauvaises pratiques de gestion financière, notamment une budgétisation inadéquate, des irrégularités comptables et un manque de surveillance. Des dérives auxquelles ont été habitués les Gabonais ces dernières années, de l’Agence nationale des Grands travaux d’infrastructures (ANGTI) à la Société gabonaise de raffinage Sogara (Sogara) en passant par la Banque gabonaise de développement (BGD). 

Risques d’inefficacité et impact majeur sur notre économie

Accentuant le risque d’inefficacité et de déclin de cette entreprise stratégique pour notre secteur pétrolier et qui à ce jour produit jusqu’à 45 000 barils/jours, ces inquiétudes sont d’autant plus exacerbées que l’Etat gabonais s’est manifesté ces dernières années par un manque d’investissement dans la modernisation et la technologie de ces actifs comme on a pu le voir du côté de Sogara, dont l’activité est en déclin. Conscient du fait que la mauvaise gouvernance des entreprises publiques a des implications importantes pour l’économie gabonaise, nuire à la croissance économique et au développement, il faudrait donc que les autorités fassent preuve d’une véritable discipline militaire en mettant des garde-fous. 

Loin de nous ériger en pourfendeur de ce rachat qui témoigne d’une volonté de souveraineté nationale, il est nécessaire de relever ces défis de gouvernance, qui nécessitent des efforts concertés de la part du gouvernement, des organismes de réglementation et de la société civile. A l’heure du Dialogue national, la mise en œuvre de réformes visant à renforcer la transparence, la responsabilité et le professionnalisme dans la gestion des entreprises publiques est donc essentielle pour améliorer leurs performances et leur contribution à l’économie. De plus, favoriser une culture de bonne gouvernance et réduire l’ingérence politique dans les opérations de ces entreprises sont des étapes cruciales vers la réalisation du développement durable au Gabon.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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