Port-Gentil : des mains noires pour saborder les travaux des voies secondaires effectués par Delors services ?
L’administration déconcentrée dans la capitale économique, Port-Gentil, se serait-elle muée ces dernières années en une pègre sans foi ni loi ? C’est le sentiment qui pourrait se dégager au vu des informations collectées une semaine durant par la rédaction de Gabon Media Time. Exemple de ces agissements pour le moins déplorables, l’acharnement dont serait victime l’opérateur économique Delors Services, adjudicataire des chantiers de réhabilitation de voies secondaires dans la cité pétrolière. Entre pression fiscale, fermeture de la société et demande de rétrocommissions, ces agissements ont de quoi interroger.
Alors que le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a fait du développement des entreprises gabonaises un de ses chevaux de bataille, certains membres de l’administration semblent décidés à ramer à contre-courant de cette ambition. Des postures peu orthodoxes perceptibles au sein de l’administration déconcentrée à Port-Gentil où l’intrigue, la concussion, la corruption et l’anti-patriotisme auraient été érigés en norme.
Preuve de ces agissements peu orthodoxes, les pressions infligées ces derniers mois sur l’entreprise gabonaise Delors Services, adjudicataire des chantiers de réhabilitation de voies secondaires sur les axes route aéroport-Massuku et Camp Boiro-Izouwa-Moukala-Boulangerie Matanda. En effet, si l’entreprise s’attèle depuis maintenant deux mois à réaliser les travaux sur fonds propres, le financement promis par le président de la Transition n’étant toujours pas disponible faute des lenteurs légendaires de l’administration gabonaise, cette dernière fait également face à des blocages qui ne disent pas leurs noms.
Pression fiscale et tentative de raquette à peine voilée
À la Genèse de cet acharnement qui daterait de plusieurs années, un contentieux opposant le gérant de l’entreprise Alexis Delors et un ressortissant libanais, ce dernier ayant le soutien semble-t-il de certains responsables de l’administration qui jouaient les entremetteurs au domaine pour attribuer les parcelles détenues par des Gabonais aux expatriés. Sauf qu’après avoir obtenu gain de cause après avoir porté l’affaire devant la Direction général de recherche (DGR), le chef d’entreprise aurait été ostracisé sous l’ancien régime durant une dizaine d’années et fait l’objet de ce qu’on pourrait qualifier de redressement punitif.
Des agissements pour le moins curieux qui se seraient accentués au lendemain de l’attribution des chantiers de réhabilitation de voie secondaire et de curage des canaux de la cité pétrolière. Exemple pattant de ce qui est soupçonné être de l’acharnement, peu de temps après avoir obtenu le marché de réhabilitation des voies secondaires, la Direction provinciale des impôts de l’Ogooué-maritime par l’entremise du receveur des impôts Kastime Divinge Di Ngol procédait à une « notification d’interdiction d’activités et de fermeture » de la base Delors services sise au carrefour Léon Mba. Une procédure qui a jeté des centaines de compatriotes dans le désarroi et qui s’avère pour le moins incompréhensible alors qu’à travers l’obtention d’un marché public, l’entreprise donne des gages de solvabilité.
Delors Services, une entreprise soucieuse du respect des dispositions légales
D’ailleurs, soucieux de se mettre en conformité avec la législation fiscale, Alexis Delors avait introduit auprès de l’administration fiscale une demande de dégrèvement d’impôt en décembre 2023. Une preuve supplémentaire de la bonne foi de cette jeune entreprise qui plusieurs années auparavant s’était vu privé d’accès à de nombreux marchés publics.
Autre curieuse dans cette affaire, selon plusieurs témoignages recueillis au sein de l’administration, des sollicitations auraient été faites au chef d’entreprise par des hauts responsables pour l’obtention de rétrocommissions arguant que « sur les 5 milliards du marché des voiries, Radovane (chef d’entreprise ayant obtenu une partie du marché, NDLR,) et Delors services veulent manger tout seul ». Des comportements intolérables alors que lors du lancement des travaux le mardi 23 avril 2024, le ministre des Affaires étrangères Régis Onanga Ndiaye avait martelé que les fonds octroyés par le CRTI devait « servir exclusivement pour les travaux et non pour les distribuer en rétrocommissions ».
Autant d’éléments de pression qui, au-delà de mettre sur le carreau une entreprise gabonaise, ont vocation également à saboter l’avancement des travaux de réhabilitation des voies secondaires qui, il faut le rappeler, ont été impulsés par le président de la Transition. Face à ces agissements, qui rappellent les heures sombres du régime Bongo-PDG, il serait nécessaire que les plus hautes autorités tapent un coup de pied dans la fourmilière pour mettre un terme à ces pratiques.