Gabon : la BAD alerte sur un risque élevé de surendettement

Le dernier rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique pour l’année 2025, publié par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), tire la sonnette d’alarme sur la situation financière du Gabon. Intitulé « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », le document pointe une fragilité persistante des équilibres budgétaires et une montée inquiétante du risque de surendettement. Si le pays a connu une reprise de sa croissance, la BAD s’inquiète de l’orientation actuelle des finances publiques et de ses conséquences à moyen terme.
La croissance gabonaise est passée de 2,4 % en 2023 à 3,1 % en 2024, portée par les performances du secteur agricole (+5 %), des BTP (+6,2 %) et des services (+3,3 %). L’inflation a reculé à 1,2 % en 2024, contre 3,6 % un an plus tôt, grâce au maintien du taux directeur de la BEAC à 5 % et à diverses mesures de soutien au pouvoir d’achat. Les investissements publics et privés ont également progressé, respectivement de 10,4 % et 7,4 %. Mais derrière ces indicateurs positifs se cache une détérioration des comptes publics, avec un déficit budgétaire estimé à 3 % du PIB en 2024, contre un excédent de 1,8 % l’année précédente.
Un endettement alarmant, un signal négatif pour les bailleurs
Le rapport de la BAD indique que le taux d’endettement du Gabon a atteint 73 % du PIB en 2024, un seuil jugé préoccupant. L’accumulation récurrente des arriérés de paiement témoigne d’une pression croissante sur les finances publiques. Face à cette situation, les banques locales ont drastiquement réduit leurs créances sur l’État gabonais, avec une baisse de 37,25 % en 2024. Cette réaction est en partie liée à la décision de relever à 100 % le taux de pondération applicable aux risques de crédit sur les engagements envers l’État, en raison du non-respect des critères de convergence sous-régionaux.
Par ailleurs, l’excédent du compte courant a diminué, passant de 6,8 % du PIB en 2023 à 5,7 % en 2024. Cette contraction résulte d’une baisse de 1,4 % des exportations et d’un déficit important de la balance des services et des revenus. Dans ce contexte, la BAD exhorte les autorités gabonaises à revoir leur politique budgétaire, à contenir les dépenses publiques non productives et à accélérer les réformes structurelles, afin de stabiliser la dette et restaurer la confiance des partenaires financiers.
GMT TV