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Meyo-Kye-Ebibeyine : le bitumage du tronçon, une question de souveraineté nationale et de softpower

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L’un des faits marquants en arrivant à la frontière Gabon-Guinée Équatoriale, c’est l’état de la route côté Gabon. En traversant du côté de Meyo-Kye, on peut se rendre compte de l’échec de la politique infrastructurelle du régime déchu Bongo-PDG. De l’autre côté par contre, c’est tout l’inverse, un pont bitumé et un éclairage de qualité, tout un contraste. Il y a quelques mois d’ailleurs, le président de la transition et son Comité pour la transition et la restauration des Institutions (CTRI), annonçait les travaux du tout nouveau pont Kye, qui devrait être réalisé par l’entreprise Chinoise Xin Yue Construction S.L. Un projet stratégique, mais également de souveraineté nationale. 

Dans sa volonté de réduire le fossé existant en termes d’infrastructures routières entre le Gabon et la Guinée-Équatoriale, le général Oligui Nguema, actuel président de la transition, entend bitumer le tronçon Meyo-Kye-Ebibeyine. Longtemps désœuvré, abandonné, cet axe permettant de rallier la Guinée voisine via le Woleu-Ntem, pourrait donc enfin, s’arrimer aux normes et standards internationaux. Pourtant, stratégique, en raison de son rôle crucial dans la connectivité régionale au Gabon, ce tronçon Meyo-Kye-Ebibeyine n’avait jusque-là jamais été envisagé. 

Du père Omar Bongo Ondimba au fils Ali Bongo Ondimba, ce côté du pays a toujours souffert d’un manque d’attention, d’un manque de reconnaissance même, pourtant les échanges entre le Gabon et la Guinée-Équatoriale sont de plus en plus importants notamment dans le septentrion. Et ils pourraient l’être encore plus, à condition que la partie gabonaise fasse le nécessaire, en menant à bien ce projet confié à l’entreprise chinoise Xin Yue Construccion S.L. Si sur place rien n’est encore fait en dehors de quelques aménagements réalisés pour la venue du président de la transition, tout pourrait s’accélérer d’ici le mois prochain. 

Un forum Afrique-Chine cruciale 

Attendu à Pékin pour un forum Afrique-Chine au cours duquel il devrait notamment rencontrer le président chinois Xi Jinping, Oligui Nguéma devrait solliciter les financements nécessaires pour la réalisation de ce projet dont le maître d’ouvrage n’est autre que son CTRI. Seulement à partir de là, le décompte des 12 mois envisagés pour le boucler pourrait être envisagé. Capable de renforcer la connectivité régionale au Gabon, de faciliter le transport et le commerce en reliant des zones clés, contribuant ainsi au développement économique local et national. L’axe Meyo-Kye-Ebibeyine est loin d’être un tronçon négligeable. 

Une question de souveraineté et de soft-power 

Avec une position qui lui permet également de renforcer la position du Gabon en tant que Hub régional, il favorise l’accès aux ressources naturelles, améliorerait l’accès aux services tout en renforçant les liens entre les communautés, stimulant ainsi la croissance économique et la cohésion sociale dans la région. Outil de soft power, il pourrait également remettre le Gabon au cœur des enjeux sous-régionaux tout en égalisant la partition équato-guinéenne qui a su mettre la barre haute avec la petite ville d’Ebibeyine qui n’a rien à envier à Libreville en termes d’infrastructures. Ce qui pourrait également renforcer l’ambition de Bitam, première grande ville dans cette partie du Gabon. Le bitumage de ce tronçon est donc un enjeu stratégique qui touche à la fois au développement économique, à l’intégrité territoriale et à l’autonomie du Gabon.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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