Mbigou : un lycée flambant neuf à l’abandon dans de hautes herbes
À Mbigou, chef-lieu du département de la Boumi-Louetsi, cinq bâtiments flambant neufs, jadis porteurs d’espoir, se dressent depuis près de vingt ans dans le silence et l’oubli. Construit pour accueillir les classes de seconde, première et terminale, ce lycée de Mbigou, situé au quartier Boumegha, n’a jamais ouvert ses portes. Un abandon qui, au-delà du béton fissuré et des herbes folles, raconte le manque d’amour des autorités pour le développement de leur propre localité.
Des murs neufs mais des âmes en attente. Ce lycée, qui devait être le prolongement naturel du CES Amiar Ngahang, est resté figé dans le temps. Des salles jamais habitées par des élèves ont laissé place à des déjections d’oiseaux, des bancs qui n’ont jamais accueilli le souffle des cours, des bâtiments qui semblent pleurer leur inutilité. Pendant ce temps, les enfants du département sont entassés dans des classes surchargées, certains contraints de quitter leur village pour poursuivre leur scolarité ailleurs.
Quand l’argent public se perd dans le néant
Ce qui bouleverse davantage, c’est de savoir que des milliards de francs CFA ont été mobilisés pour ce projet. De l’argent public, tiré des poches d’un peuple qui peine déjà à avoir de l’eau potable, des routes praticables et des soins de santé décents. Voir ce lycée abandonné, c’est voir le fruit de ces sacrifices se dissoudre dans l’indifférence. « Quand on passe devant, on a envie de pleurer », murmure un habitant de Mbigou.
L’éducation est pourtant le socle de tout développement. Un lycée, c’est bien plus que des salles de classe : c’est une promesse faite à la jeunesse, c’est une graine de savoir qui doit irriguer tout un territoire. En fermant les yeux sur Mbigou, les autorités n’ont pas seulement abandonné des murs, elles ont renoncé à offrir à des générations entières la chance de s’instruire dignement.
Un appel à la conscience nationale
Ce lycée abandonné est devenu le miroir d’une gouvernance qui tourne le dos à l’essentiel. Si l’on aime vraiment son terroir, si l’on croit vraiment au Gabon, alors on ne laisse pas un tel joyau mourir avant même d’avoir vécu. C’est toute une jeunesse qui attend, c’est tout un département qui s’essouffle, c’est tout un pays qui perd en avenir.
« L’éducation est un gage de développement. Si nos jeunes sont bien formés, c’est toute la Boumi-Louetsi, et au-delà tout le Gabon, qui en bénéficiera », soupire un enseignant de la localité rencontré par Gabon Media Time en septembre dernier. À l’heure des grandes promesses de la Vᵉ République, Mbigou attend toujours un geste, un signe, une preuve d’amour.








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