Le bel hommage de Michel Essonghe à Casimir Oye Mba
A l’annonce de cette improbable et impossible nouvelle, je me suis égaré dans l’univers des souvenirs. Eprouvé, j’ai cherché des images de réconfort. Ont alors défilé dans mon être, NOŇBAKELE, LIKOUALA, SI BENOÎT, WATERMAN, BATAVEA, quartiers pittoresques et entrelacés du Libreville de l’époque, univers familial, chaleureux et convivial de notre prime enfance, dont nous ne réalisions pas, au regard des communautés qui y vivaient, que c’était en fait un embryon de la Nation Gabonaise.
J’ai aussi cherché des visages pour me consoler. Ce furent ceux de nos parents et de leurs amis, ton papa Ange MBA, les POSSO, les OKIKADI, les ALIBALA, les DIOP, les AYO, les KOUMBA MOUNGUENGUI, les AMADOU BA, les ROUX, les SOUROUS, les LOUEMBE, les HASSAN CHOUCAIR, les MAKAYA, les PARAISO, les ANTCHOUET, les ESSONGHE et tant d’autres, nés là ou venus d’ailleurs, vivant ensemble en paix, dans l’harmonie des différences, la symbiose des coutumes, la fraternité des voisinages.
J’ai cherché des mots pour évacuer ma peine, je ne les ai pas trouvés et c’est mon cœur qui n’a de cesse de pleurer.
Alors, franchissant la nuit des années, je me suis remémoré notre vécu initiatique du CPO découvert, main dans la main, le premier jour de notre première rentrée scolaire en 1948. Ce CPO si lointain et si présent a réveillé les enseignements de nos maîtres vénérés et dont les mots n’ont cessé de nourrir nos vies. Maîtres ANGO, NDONG, ONDO, DIOUF, DEEMIN, BOUBALA, WORA. Venant de partout, ces maîtres n’avaient tous qu’une passion : transmettre des savoirs dans cette école MONTFORT creuset d’intelligence et d’humanisme d’où germèrent tant d’élites gabonaises.
J’ai encore cherché des mots, et me sont revenus, ceux de nos enseignants de l’école MONTFORT et du collège BESSIEUX qui ont eu les mots adaptés pour nous inculquer l’exigence de l’effort, l’amour de l’excellence et la passion de la réussite. Bien au-delà, ils ont su aussi, très tôt et très vite, faire éclore en nous, le sens de la fraternité, du partage, le respect mutuel, la culture de l’humilité, éléments constitutifs et essentiels de l’indispensable vivre-ensemble.
Puisque premier de cordée, tu as fait le choix de nous quitter, avec ceux qui nous ont précédés et que tu rejoins, dis à ces enseignants émérites notre infinie gratitude.
L’éducation et les enseignements reçus, ont fait des premiers bacheliers post-indépendance en 1961 du collège BESSIEUX dont nous fûmes, des citoyens de la République, capables de se sublimer au-delà des contingences de leurs destins et des aspérités des combats multiformes.
J’ai cherché des voix, pas si longtemps, tellement elles ont été nombreuses et de qualité à rendre un immense et lumineux hommage à l’homme d’exigence et d’excellence que tu as été tout au long de ton existence, avec chevillées au corps les valeurs d’unité et de patriotisme.
• Ancien Premier Ministre
• Ancien Gouverneur de la BEAC
• Ancien Député, tu auras fait la fierté de tes promotionnaires de BESSIEUX.
L’histoire de notre pays retiendra alors qu’ayant su tracer une voie, modèle assurément perfectible, ta voix ne s’éteindra jamais.
Comme ne pourront jamais s’effacer, les images; les visages, les mots, les voix, bref, les souvenirs d’un compagnonnage de 70 ans, nourri de tant d’évènements, de tant de moments vécus, de tant d’émotions partagées. Dieu Tout-puissant, Maître de toute destinée, t’a embarqué sur le vol du 16 septembre 2021 en partance pour l’Ailleurs, l’Éternité, destination finale de chacun d’entre nous. || saura t’y garder une place de choix, occupe-la avec ton élégance innée. Souviens-toi de nous. Parmi nous tu demeures.
À tout moment.
Michel ESSONGHE