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Journée pour l’élimination de la pauvreté : le Gabon, pays riche, mais un peuple toujours aussi pauvre !

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Ce vendredi 17 octobre 2025, à l’instar de la communauté internationale, le Gabon commémore la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté avec pour thème : « Mettre fin à la maltraitance sociale et institutionnelle, agir ensemble pour des sociétés justes, pacifiques et inclusives ». Si lors de son discours circonstanciel, la ministre de l’Entreprenariat, du Commerce et des PME/PMI, Zenaba Gninga Chaning, a réaffirmé l’engagement du Gabon à lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes, la réalité semble bien loin de ces discours creux servis depuis des décennies aux citoyens gabonais, dont certains peinent à vivre dignement.

Usant d’une rhétorique quelque peu politicienne, le membre du gouvernement a souligné que cette journée devrait nous rappeler « l’importance de la solidarité nationale et de l’action collective pour bâtir un pays plus équitable, où chaque citoyen a accès à la dignité, aux opportunités et à une vie meilleure ». A cet effet, Zenaba Gninga Chaning a réaffirmé l’engagement du gouvernement Oligui Nguema à réduire les inégalités et à promouvoir le développement social au bénéfice de toutes les couches de la population.

La réalité du terrain et des chiffres accablant

Sauf qu’au-delà des vœux pieux, les Gabonais n’ont toujours rien dans leur assiette et peine à obtenir un emploi ou même à se loger. Malgré les richesses naturelles du Gabon, notamment son pétrole et ses ressources forestières, la population continue de vivre dans la précarité. L’économie gabonaise, bien que classée parmi les pays à revenu intermédiaire supérieur, affiche des inégalités criantes. La majorité de la population n’accède pas aux bénéfices de cette richesse. 

Les entreprises locales quant à elles peinent à se développer, souvent freinés par des conditions économiques défavorables, un manque d’accompagnement, des procédures administratives et judiciaires répressives, et des politiques publiques inadaptées. Par ailleurs, la corruption et la mauvaise gestion des ressources sont des fléaux qui aggravent la situation, entravant la mise en œuvre de projets de développement.

Faut-il rappeler qu’en 2024, le Gabon se classe au 10e rang mondial des pays ayant le pourcentage le plus élevé de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, avec 34,6 % de sa population concernée, selon le rapport d’avril 2025 de Macro Poverty Outlook (MPO). Ce classement, qui se concentre sur les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, révèle un contraste frappant pour ce pays souvent perçu comme un îlot de stabilité économique.

Pis, la note de conjoncture économique publiée en juin 2025 par la Banque mondiale souligne que la pauvreté, en hausse constante depuis 2022, touchait 34,6% des gabonais en 2024. Les prévisions laissent entrevoir un recul modéré, de 37,8% en 2025 à 35,8% en 2027, mais cette baisse reste insuffisante pour infléchir durablement la tendance. La Banque mondiale estime qu’environ 970 000 personnes, soit plus d’un tiers de la population, vivront encore avec moins de 6,85 USD par jour à l’horizon 2027.

Un besoin urgent de changement de paradigme

Face à ce constat alarmant, le gouvernement Oligui Nguema est contraint de repenser sa stratégie. Il ne s’agit plus simplement de lancer des projets symboliques, mais de réévaluer de manière significative le système de production et de création d’emplois. Pour réellement changer la vie des Gabonais, il devient impératif d’agir avec pragmatisme et d’engager des réformes structurelles qui répondent aux enjeux sociaux et économiques du pays.

En conclusion, alors que le Gabon célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, il est essentiel que les promesses se traduisent par des actions concrètes et efficaces. Une véritable mobilisation est nécessaire pour lutter contre la pauvreté et construire un avenir où chaque citoyen peut voir ses droits fondamentaux respectés.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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