Insécurité : des patrouilles motorisées et pédestres pour quelle réponse structurelle ?
La question de l’insécurité grandissante préoccupe au plus haut point les autorités de la Transition. C’est pour tenter d’y faire face que le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a récemment remis aux forces de l’ordre et de sécurité un important lot de moyens roulants avec une consigne claire : accentuer la pression sur les délinquants au sein même des quartiers enclavés. Si cette action est louable, une interrogation demeure toutefois : quelle réponse durable à la problématique de l’insécurité ?
La sécurité des populations est une mission régalienne de l’Etat, qui dispose du monopole de la violence légitime. Si Libreville a connu une croissance populationnelle qui a entraîné des défis nouveaux au plan de la sécurité des personnes et des biens, l’Etat n’a pas su adapter sa stratégie, en s’attaquant par exemple de manière prioritaire aux causes structurelles de cette délinquance, de plus en plus à l’initiative d’un public très jeune.
La répression, seule réponse à la lutte contre la délinquance ?
Si les patrouilles motorisées et pédestres voulues par le président de la Transition sont une solution palliative qui devrait un tant soi peu dissuader les délinquants de passer à l’action, ce dont ont besoin les Gabonais c’est sans doute un plan élaboré, avec des objectifs réalistes, qui prennent en compte certes l’aspect sécuritaire, mais qui s’attaque surtout aux causes structurelles de la délinquance, à savoir l’oisiveté, l’absence de perspectives pour les jeunes, le chômage de masse et l’absence de loisirs.
« La pauvreté nous habite, qu’est-ce qu’on nous propose comme alternative ? Nous souhaitons le soutien de l’Etat. Depuis que le CTRI est arrivé, ils ne sont que sur les écrans et nous déplorons cela. Nous les attendons ici, qu’ils viennent voir à quoi ressemble notre quotidien », nous a confié Ulrich, un ex-détenu habitant du quartier Akebe dans le 3e arrondissement de Libreville. Des propos qui traduisent à eux seuls la détresse d’une jeunesse en quête d’opportunités et qui rappellent au CTRI l’urgence d’associer aux efforts consentis à travers le renforcement des effectifs de police, les nouvelles dotations, et la hausse du budget sécurité, un plan de lutte contre l’insécurité qui soit participatif, et qui mette davantage l’accent sur la prévention, la médiation, le renforcement du lien Police – Populations, l’accompagnement des détenus dans la phase post-sentencielle, et un suivi social adapté. Un point important qui devrait permettre de lutter contre la récidive.