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Grève ministère des Transports : la tutelle remet la balle au centre 

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Au terme d’une Assemblée générale tenue le 15 juillet 2024, l’intersyndicale du ministère des Transports a voté en faveur d’une grève illimitée à compter du 16 juillet 2024. Une décision qui fait suite selon le regroupement des syndicats à des revendications sociales et à une absence d’un cadre de discussion avec la tutelle. Après s’être fait le relai de cette actualité, Gabon Media Time a pris attache avec le Cabinet du ministre des Transport, qui nous a accordé un entretien ce 17 juillet 2024. Au cours d’un long échange, le Directeur de Cabinet du ministre, Ange Simplice Boukinda a répondu point par point aux problèmes posés par les syndicats. 

Avant d’aborder les questions relatives aux revendications des agents, le Directeur de cabinet de Loïc Ndinga Moudouma a fait un résumé de la situation du ministère à la prise du pouvoir par le CTRI et la nomination du militaire à la tête de ce département. En effet, du trafic des permis de conduire et des cartes grises au manque d’investissement structurel au sein de la Sogatra, adossé à des détournements étayés par un audit commandé par le ministre de tutelle, aux arriérés de prime des agents des Directions générales, Ange Simplice Boukinda a présenté un tableau sombre de la situation avant l’arrivée de la nouvelle équipe. « Ayez à l’esprit que plus de trois-quarts des revendications des syndicats sont liées à la gouvernance de l’ancien régime », a-t-il indiqué d’entrée de jeu.   

Loïc Ndinga Moudouma engagé dans une stratégie de restructuration

Au regard de l’importance des chantiers qu’il a hérités de l’ancien régime, le ministre des Transports, Loïc Ndinga Moudouma a selon son collaborateur reçu une feuille de route du chef de l’Etat visant à restructurer le ministère. C’est tout le sens de la réforme visant à transférer la gestion du permis de conduire et la carte grise au Secrétariat général du ministère, et orienter les demandeurs de ces documents vers le Trésor public afin de s’acquitter des frais adossés à la procédure. « Nous avons mis en place ce dispositif afin de mettre un terme aux combines. Mais nous n’allons pas nous arrêter à cette étape puisque nous avons l’objectif d’aller vers la biométrie du permis de conduire, de la carte grise et des licences de transport », a martelé Ange Simplice Boukinda. 

La question des primes 

Abordant ensuite l’épineuse question des primes et notamment celle du 4e trimestre de l’année 2023 que revendiquent les syndicats de la Direction générale du transport terrestre (DGTT), le Directeur de cabinet s’est voulu clair « Après vérification auprès du Trésor public, il ressort que cette prime a bien été payée en décembre 2023 », a indiqué Ange Simplice Boukinda, ajoutant au passage que la prime du 3ème trimestre aurait même été doublement payée. S’agissant de la prime du 2e trimestre de l’année en cours qui fait également l’objet de revendications, le Directeur de cabinet a indiqué que le dossier est au Trésor public depuis le 6 juin et que les personnes concernées par les paiements devraient faire preuve de patience.

Surtout touche pas à ma prime !

A l’instar de la plupart des départements ministériels, celui des Transports, de la Mer et de la Marine marchande pâtit d’un déficit en investissements. D’ailleurs, l’une des problématiques qui perturbent le bon fonctionnement de cette administration tient à la difficulté de la Direction générale du Transport terrestre et celle de la Marine marchande à se loger. Afin d’y répondre, le ministre de tutelle a selon le DC, permis l’achat d’un bâtiment devant désormais abriter les locaux de la Direction générale de la Marine marchande, via un prêt auprès d’une banque locale. Cependant, au regard des besoins considérables en investissements, la tutelle aurait souhaité réaffecter une partie des primes distribuées aux agents à l’investissement, afin d’améliorer les conditions de travail. Une démarche qui selon le DC, ne plairait pas aux syndicats. « Où veulent-ils que nous trouvions des financements ? Pourquoi ne sont-ils pas prêts à supporter une partie de l’effort collectif ? », s’est-il interrogé. 

Poursuivant dans cette lancée, à propos cette fois de la Société gabonaise de transport (SOGATRA), le DC a fustigé certaines revendications qui ne tiennent pas compte de la conjoncture à laquelle fait face l’entreprise. « Lorsque nous sommes arrivés, SOGATRA se trouvait dans une procédure de liquidation. Ce sont près de 700 personnes promises au chômage que nous avons trouvées », a rappelé Ange Simplice Boukinda. « Les syndicats demandent le paiement des arriérés de primes. Nous leur disons, nous souhaitons mettre en place un modèle économique viable afin que les salaires continuent d’être payés », a-t-il indiqué avant de poursuivre « De vous à moi, quelle entreprise peut continuer à verser indéfiniment des bonus à ses agents alors qu’elle est engluée dans une situation financière qui met en péril la pérennité des emplois ? », s’est agacé le Directeur de Cabinet. Poursuivant son raisonnement, Ange Simplice Boukinda a rappelé les réformes en cours et à venir au sein de l’entreprise de transport public. En effet, de la suppression de la gratuité du transport, au renouvellement du parc automobile vieillissant, le responsable administratif a décliné une vision de la tutelle qui vise prioritairement à « stabiliser l’entreprise ».

Il faut dire que le chef de cabinet de Loïc Ndinga Moudouma a vertement pointé la responsabilité de l’intersyndicale dans l’éludation de nombreuses questions structurelles des corporations respectives et qui ont accès à l’essentiel de leurs revendications sur les primes. A ce propos, Ange Simplice Boukinda n’a pas hésité à parler de « cupidité liée au sortilège de l’argent ».    

Pas de tribalisme au sein du Cabinet du ministre des Transports 

L’autre question qui divise syndicats et tutelle est celle relative à la nomination en Conseil des ministres d’un nouveau Secrétaire général du ministère, Cyprien Ndong et qui serait toujours en attente de prise de poste. Si le DC a indiqué que l’installation aura lieu au moment venu, il a fustigé les accusations de tribalisme au sein du Cabinet de Loïc Moudouma qui auraient été formulées selon lui par des proches du SG nouvellement nommé. « Le cabinet du ministre en charge des Transports est représentatif d’un certain nombre de couches socio-linguistiques, donc il n’existe aucune forme de tribalisme » , a-t-il précisé, citant au passage plusieurs noms de collaborateurs actuels du ministre issus de divers groupes socio-linguistiques, ce qui justifierait selon lui « l’absurdité des allégations avancées »

Au terme de cet échange, le Directeur de cabinet de Loïc Ndinga Moudouma a  invité chacun à réfléchir à la part de responsabilité qui lui revient dans la situation que rencontre l’administration des transports, de la mer et de la marine marchande « Le ministre des Transports, à travers les instructions qu’il a reçues du président de la République, est en train de tout mettre en oeuvre pour que les problèmes se règlent au fur et à mesure. Nous ne pouvons pas tout régler en huit mois », a-t-il conclu. Notons qu’une rencontre est prévue ce 18 juillet 2024 entre l’intersyndicale et le ministre Loïc Ndinga Moudouma.  

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Un commentaire

  1. Malheureusement la situation que connaît ce ministère n’est pas un cas isolé. Beaucoup d’autres administrations souffrent des conséquences de la malgouvernance des anciennes équipes dirigeantes. Nous devons accepter de consentir des sacrifices pour sauver nos emplois parce que le CTRI a pris en main un pays complètement malade à tous les niveaux. Pour le redresser, il faut des décisions fortes et courageuses, parfois douloureuses, pour le sortir des ténèbres dans lesquels il a été plongé. La critique est aisée mais l’art et difficile. Nous voulons tous d’une vie paisible grâce à nos emplois, le CTRI et le Président OLIGUI NGUEMA en sont conscients. Donnons leur la possibilité de mettre en œuvre les projets de reconstruction de notre pays pour le bonheur de tous les gabonais sans exception. Ils y travaillent et les faits actuels ne mentent pas, soyons juste patients et nous connaîtrons en définitive notre véritable essor vers la felicité. Il est facile de détruire que de construire.

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