Gabon : un budget 2024 sous le sceau de l’inflation ou du désendettement ?
Face aux détournements massifs orchestrés sous l’ère Ali Bongo Ondimba, les autorités de la transition tenteront de placer le budget 2024 sous le signe de la discipline, du sérieux et de l’orthodoxie budgétaire. Néanmoins, un arbitrage complexe devra être fait par le gouvernement de la transition à savoir: miser l’essentiel des ressources sur la réduction du niveau d’endettement, ou au contraire miser sur la réduction de l’inflation. Deux sujets brûlants qui nécessiteront à n’en pas douter, un jeu d’équilibriste, dans un contexte économique sous-régional tendu.
Comme l’a souligné ce lundi le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque des Etats de I’Afrique Centrale (BEAC), les perspectives macroéconomiques et financières sous régionales resteront marquées par un recul plus important de l’activité pétrolière (-1,3% en 2023), des tensions inflationnistes qui resteraient élevées autour de 5,7% en moyenne annuelle en 2023, ou encore un excédent du solde budgétaire, hors dons, en repli de 1,7% du PIB en 2023. C’est dans ce contexte, pour le moins tendu, que les autorités de la transition, qui devront composer avec une crise financière endogène majeure du fait des nombreux détournements observés, aborderons la loi de finances 2024.
Loi de finances 2024, un choix cornélien
Placée sous le signe de la discipline, du sérieux et de l’orthodoxie budgétaire, cette loi de finances initiale pour l’exercice 2024, devra inéluctablement opérer un triple choix stratégique. Soit les autorités feront le choix de miser massivement sur l’investissement public comme n’a cessé de le répéter Mays Mouissi alors analyste économique, avec pour conséquence de relancer la consommation grâce à l’investissement. Soit elles décident de miser sur la désinflation en réduisant ces taxes qui asphyxient les populations, avec pour conséquence de réduire la marge de collecte de recettes fiscales.
Troisième hypothèse et non des moindres, les autorités misent sur l’accélération du désendettement, avec pour objectif d’améliorer la signature du Gabon auprès des investisseurs étrangers, toute chose qui aurait pour conséquence à moyen terme, d’améliorer la note souveraine de crédit et permettrait au Gabon d’emprunter de nouveau mais à de meilleures conditions. A ces trois hypothèses pourrait s’ajouter une quatrième qui serait de faire un peu des trois, encore faudrait-il que l’on sache exactement à combien se chiffre la dette intérieure.
Vous l’aurez compris, c’est à un véritable jeu d’équilibriste que devront se livrer le Premier ministre et les ministres de l’Economie et des Comptes Publics. Une chose est certaine cependant, ce budget 2024 devra limiter au maximum l’empreinte des dépenses budgétaires notamment celles de fonctionnement, chiffrées en 2022 et 2023, à plus de 1100 milliards de FCFA dont plus de 700 pour la seule masse salariale de l’Etat. Des choix forts devront donc être fait pour ramener de la discipline et de l’orthodoxie dans un État qui s’en est détourné au fil des ans.