Gabon : quelles mesures d’accompagnement pour les naissances multiples ?
Au Gabon, il n’est pas rare pour les structures hospitalières de recevoir des femmes qui donnent très souvent des naissances multiples. Un phénomène émouvant et éprouvant à la fois, puisque dans bien des cas, les parents de ces nouveau-nés ne disposent pas de moyens nécessaires pour la suite. Face à cette situation et alors que la politique nataliste dans notre pays consiste à encourager les naissances, quels sont les dispositifs adoptés par le gouvernement?
Sur la toile, ou dans les médias, les appels à l’aide des femmes ayant mis au monde des jumeaux, des triplés ou des quadruplés sont légion dans notre société. Un constat qui inquiète tout de même quand on sait que la société au Gabon c’est avant tout la famille. D’ailleurs depuis 1969 le pays mène une politique nataliste qui bannit totalement la contraception. Alors comment comprendre qu’un pays qui dit encourager les naissances ne dispose pas véritablement des moyens de sa politique, à tel point que des familles soient obligées de s’exposer sur la toile pour solliciter de l’aide ?
Seul les agents de l’Etat bénéficient de la Prime de naissance (PN)
En effet la loi n°007/ 2017 du 09 août 2017, fixant régime des prestations familiales et sociales applicables aux agents de l’Etat et de leurs ayants droit en son article 17 indique que « la prime de naissance est une allocation financière versée après l’accouchement selon les modalités prévues par voie réglementaire. En cas de naissances multiples, il est versé autant de primes qu’il y a d’enfants ». Elle s’élève à 60 000 FCFA et les bénéficiaires sont l’agent public et l’épouse de l’agent public. Ainsi, les fonctionnaires et leurs épouses confrontés aux naissances multiples peuvent dormir sur leur deux oreilles, puisqu’ils ont une garantie de percevoir une aide de l’Etat. Mais qu’en est-il des Gabonais économiquement faibles (GEF) ?
En 2021, une jeune Gabonaise ayant donné naissance à des triplés a dû implorer l’aide de personnes de bonnes volontés car étant abandonnée à elle même. Et ce genre d’illustrations sont légion. Un état de fait qui laisse penser que la politique nataliste devrait être l’une des préoccupations majeures du gouvernement dans le but d’atteindre une population optimale pour son développement économique. Mais aussi pour garantir le bien-être de ses compatriotes, car octroyer une prime de 60 000 FCFA aux fonctionnaires et exclure les chômeurs est complètement discriminatoire.
Alors qu’au terme des assises du Dialogue national inclusif, la question de mise en œuvre d’une politique nataliste semblait être adoptée par le gouvernement de transition, il serait judicieux qu’elle prenne réellement en compte les populations défavorisées. Quelle honte qu’un pays aussi riche que le Gabon, qui dispose du deuxième PIB le plus élevé de la CEMAC derrière le Cameroun, ait des nourrices, des mères qui se retrouvent à quémander de l’aide pour nourrir les enfants qui sont censées prendre la relève demain? Il est plus qu’urgent que les autorités de la transition rectifient le tir.