Gabon : quelle crédibilité pour un référendum sans fichier électoral révisé ?
Annoncé pour le mois d’avril 2024, le référendum devant poser les jalons du nouveau Gabon post transition militaire devra revêtir un caractère sobre et assaini. Cela passe inéluctablement par la révision du fichier électoral qui a toujours fait l’objet de griefs du fait qu’il fut taillé sur mesure par les thuriféraires du bord de mer pour asseoir la forfaiture lors des consultations politiques.
Alors que pointent à grands pas les grandes manœuvres du chronogramme débouchant sur l’organisation de l’élection présidentielle de 2025, une question reste en suspend. Sur quelle base électorale le CTRI et les forces vives de la nation entendent-ils rebâtir le Gabon ? Assurément pas sur le fichier électoral qui, aux dires des observateurs aguerris de la vie publique, comporte des irrégularités flagrantes.
De la nécessité de réviser le fichier électoral
Si le référendum tant attendu par les Gabonais de tous les horizons semble revêtu d’un gage à savoir la désignation de l’Archevêque de Libreville, Monseigneur Jean-Patrick Iba-Ba comme président des assises, il demeure que la reconfiguration des institutions n’est envisageable qu’avec un assainissement du fichier électoral. Un exercice qui permettra de démêler l’écheveau sur le nombre réel d’électeurs au Gabon.
Ainsi donc, l’objectif serait de relancer la campagne d’enrôlement tant sur le plan national qu’à l’international. Les doublons, les personnes décédées voire frappées de déchéance de droits civils devront être tous retirés dudit fichier. Un véritable toilettage de fond en comble. Notons que le parlement de transition devrait migrer en Assemblée constituante afin de réécrire la constitution.
Le CTRI attendu à la décision
Annonçant leur prise de pouvoir le matin du 30 août 2023, les forces armées gabonaises réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) pointaient du doigt les « irrégularités » autour de l’organisation du scrutin dont Ali Bongo Ondimba a été déclaré vainqueur. Au nombre des récriminations qui étaient faites, la base électorale dont les élections jumelées ont mis à nu les limites.
Outre la mise à plat du fichier électoral, cette révision est l’occasion de mettre à jour les données avec les potentiels primo électeurs. C’est en tout cas la vision du Comité pour la transition et la restauration des institutions qui a d’ores et déjà souligné que « ce chronogramme vise à impliquer activement le peuple gabonais dans un processus de décision démocratique. Cette transition représente un moment historique pour notre pays ». Gageons que la charrue ne sera pas mise avant les bœufs.
