Gabon : promotion de l’emploi et des compétences professionnelles, un préalable à la réduction de la pauvreté
Si les dépenses sociales peuvent inéluctablement avoir plusieurs impacts sur notre économie pour peu qu’elles soient ciblées sur les couches les plus sensibles et non qu’elles soient équilibrées avec les plus nantis, la réduction des inégalités et de la pauvreté exige surtout des efforts accrus afin de promouvoir l’emploi et les compétences professionnelles. Au Gabon, pays où une personne sur cinq est sans emploi selon les statistiques de la Banque mondiale, ces efforts pourraient largement contribuer à réduire le pourcentage des personnes vivant avec moins de 2000 FCFA par jour.
Réduction de la pauvreté et emploi sont deux thématiques structurelles pour un Etat. Deux objectifs interdépendants et cruciaux pour le développement économique et social. Deux aspects qui influencent positivement ou négativement la qualité de vie d’un pays. Au Gabon, pays où une personne sur cinq est sans emploi, où le niveau d’endettement est de l’ordre de 7000 milliards de FCFA à fin mai, ces deux aspects de la vie de la nation sont d’autant plus cruciaux qu’ils sont un préalable à la réduction des inégalités et permettraient de réduire drastiquement la pauvreté et la crise sociale qui sévit dans le pays. ⅓ de la population vivant en dessous de seuil de pauvreté.
Et pour cause. Comme l’affirme une citation de Voltaire, « le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin ». Partant de ce postulat, il ressort donc qu’en misant sur des programmes sociaux ciblés comme les transferts monétaires directs aux ménages pauvres, des subventions pour un meilleur accès à l’éducation et aux soins de santé, des programmes de formation professionnelle pour une meilleure adéquation formation-emploi, le gouvernement pourrait infléchir cette tendance et ainsi se donner les moyens de réduire son déficit structurel en ciblant des métiers liés à des secteurs capables de renforcer la diversification de notre économie.
Promouvoir l’emploi et les compétences professionnelles, une nécessité et non une alternative
Il pourrait par la même occasion, contribuer directement à réduire la pauvreté en fournissant un filet de sécurité économique aux individus et aux familles les plus vulnérables. C’est de celà dont elles ont besoin. C’est indéniablement de ça dont a besoin cette jeunesse qui représente les ¾ de la population. « Promouvoir l’emploi et les compétences professionnelles au Gabon et dans les pays de la CEMAC, où près d’un jeune sur quatre ne travaille pas, n’étudie pas et ne suit pas de formation » comme l’a encore souligné la Banque mondiale dans son baromètre économique de la région, n’est donc pas à une alternative mais bien une nécessité.
Lutter contre l’informel par la formation
Avec l’informel et le manque d’opportunités économiques pour les jeunes, qui constituent « des risques sérieux pour les moyens de subsistance et la stabilité sociale dans une région dont la population est jeune et en croissance rapide » toujours selon le rapport de la Banque mondiale, mais également le manque de compétences de la main-d’œuvre qui est une cause de chômage et compromet la croissance des activités des entreprises, lutter contre le secteur informel via la formation, peut donc être une stratégie clé pour promouvoir l’emploi formel et soutenir le développement économique durable d’un pays comme le Gabon au taux de croissance moyen projeté d’à peine 2,7% sur les cinq prochaines années.
Eu égard à la forte dépendance à l’égard de l’industrie pétrolière pour le cas du Gabon qui conduit trop souvent nos autorités à un populisme outrancier comme ce peut-être le cas actuellement, avec un « gouvernement de transition qui cherche à répondre aux demandes refoulées en matière sociale et d’investissement et aux attentes populaires », faire la promotion de l’emploi et des compétences professionnelles en misant sur la formation, pourrait aider les travailleurs informels à acquérir de nouvelles compétences et ainsi améliorer leur efficacité et donc leur rendement, ce qui serait une aubaine pour notre économie en général.