CEMAC : la BEAC donne son aval pour l’encadrement des Caisses des dépôts et consignations

Réunie à Malabo le 10 juillet 2025, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a délivré son avis conforme pour l’adoption par d’un règlement encadrant l’activité des Caisses des dépôts et consignations (CDC) dans la zone CEMAC. Une décision stratégique qui, dans le cas du Gabon, viendra raviver les critiques sur la faible performance d’une institution censée incarner le bras séculier de l’État pour le développement structurant.
Un cadre régional pour restaurer la crédibilité et l’impact. Sous la présidence du ministre équatoguinéen Ivan Bacale Ebé Molina, le Conseil d’administration de la BEAC a délivré son avis conforme pour l’adoption par le Comité ministériel de l’UMAC d’un règlement spécifique à l’exercice et la supervision des Caisses des Dépôts et Consignations (CDC) dans la zone CEMAC.
Une réforme saluée dans un contexte où ces entités, supposées jouer un rôle d’investisseur de long terme dans les économies nationales, peinent à démontrer leur efficacité, leur transparence et leur impact réel. Le texte visera à renforcer la gouvernance, améliorer la supervision prudentielle et garantir une gestion rigoureuse des ressources collectées au nom de l’État.
Un miroir qui renvoie les défaillances de la CDC Gabon
Pour le Gabon, cette décision résonne comme un rappel sévère à l’ordre. Loin des standards fixés par ses homologues – la Caisse des Dépôts française ou la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) du Maroc – la CDC Gabon peine toujours à s’imposer comme un acteur stratégique du financement public.
Dirigée depuis près de deux années par Marius Issa Nkori, l’institution affiche un bilan peu reluisant, entre projets avortés, absence de vision à long terme et flou dans la gouvernance. La filiale CDC Ter, par exemple, entièrement détenue par la CDC et censée structurer le secteur agricole national autour du trading, de la logistique, de l’appui-conseil, et de marchés agricoles d’intérêt national, est aujourd’hui au point mort. Les ambitions de promotion des filières intégrées (volaille, banane, manioc, maraîchage) ont été rangées sous le paillasson, tout comme l’objectif de création d’emplois ruraux.
Des milliards engloutis, zéro impact visible
Autre fiasco retentissant : le projet immobilier “Mélisse – Le Domaine du Golf”, censé donner corps à une nouvelle politique d’accès au logement. Malgré plus de 4 milliards de FCFA mobilisés, aucun logement n’a vu le jour à ce jour, renforçant l’opinion selon laquelle la CDC Gabon fonctionne comme une coquille vide administrative, absorbant les financements publics sans traduire ses ambitions en réalisations tangibles.
Le cas du projet Movingui, pourtant présenté en grande pompe, n’a guère échappé à cette dynamique de promesses non tenues, cristallisant les frustrations autour d’une institution qui devrait incarner la puissance de feu financière de l’État mais se contente d’une gestion passive et peu structurée.
Un défi de crédibilité au cœur des politiques économiques nationales
En adoptant un cadre communautaire rigoureux, la BEAC envoie un signal clair : les Caisses des Dépôts ne peuvent plus être des instruments dormants de financement public. Elles doivent désormais rendre des comptes, produire de l’impact, et s’intégrer pleinement dans les stratégies nationales de développement.
Au Gabon, l’heure est venue d’un réexamen profond du modèle CDC, tant dans sa gouvernance que dans ses missions. L’encadrement communautaire pourrait bien servir de point d’appui à une refondation urgente, si tant est que la volonté politique suive. Car on ne bâtit pas une souveraineté économique durable sans un outil public performant au service de l’investissement structurant.
GMT TV