Gabon : les gestionnaires du Fonds Covid-19 sommés de payer les dépenses liées à la construction des structures sanitaires
Créé en avril 2020 dans le but de financer les mesures de prévention, de lutte et de riposte contre la pandémie, le controversé Fonds de solidarité Covid-19 vient d’être réorganisé par le ministère en charge des Comptes publics. Comme indiqué dans le communiqué final du conseil des ministres de ce jeudi 28 décembre, les gestionnaires de ce Fonds au coeur de nombreuses malversations, vont devoir s’acquitter entre autres, des dépenses liées à la construction des structures sanitaires et celles relatives aux dettes issues des prestations Covid-19.
Plus de 54 milliards de FCFA de ressources perçues entre le 31 mars 2020 et 31 août 2021. Près de 53,6 milliards de FCFA dépensés sur la même période dont plus de 36 milliards de FCFA en dépenses de fonctionnement et à peine 17,7 milliards de FCFA en investissements. Tel est le bilan du Fonds Spécial Covid-19 créé en avril 2020. Destiné entre autres au financement des mesures de prévention, de lutte et de riposte contre la pandémie, ce Fonds a souffert d’une gestion pour le moins calamiteuse, comme l’ont d’ailleurs démontré les deux rapports du cabinet Deloitte Touche Tohmatsu.
Conscients des nombreuses tares observées dans la gestion de ce Fonds piloté par le Copil-Coronavirus, qui avait notamment permis à des personnalités comme le Dr Guy Patrick Obiang, de gravir les échelons à vitesse grand V, le gouvernement de transition a donc décidé de saisir le taureau par les cornes. Ainsi, comme annoncé au terme du dernier conseil des ministres, les gestionnaires de ce Fonds ont été sommés de « prendre en charge les dépenses liées à la construction des structures sanitaires et celles relatives aux dettes issues des prestations Covid-19 ».
Guy Patrick Obiang and Co rattrapés par leurs dérives
Incriminant de manière insidieuse les gestionnaires de ce Fonds dont le bilan de la gestion avait été réclamé à cor et à cri par les acteurs politiques et de la société civile, le gouvernement de transition vient donc de jeter en pâture l’ancien ministre de la Santé et sa suite. Ces derniers devront par la force des choses, faire ce pourquoi ce Fonds avait été créé. Un Fonds qui on le rappelle avait notamment été financé à hauteur de 177,2 milliards de FCFA par l’Instrument de Financement Rapide (IFR) du FMI, dont 32,2 milliards de FCFA versés dès avril 2020 dans son compte bancaire logé à la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Dans l’urgence face aux nombreuses difficultés rencontrées par les populations dans un domaine de la santé qui verra son budget prévisionnel passé de 149 à 131 milliards de FCFA entre 2023 et 2024, les autorités de transition entendent donc user de tous leurs moyens de coercition, pour contraindre les responsables de ces dérives à financer ces infrastructures sanitaires qui manquent cruellement notamment dans l’arrière pays. Une façon astucieuse de rappeler également aux personnalités récemment nommées, qu’elles ont un devoir d’intégrité vis-à-vis des populations.