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Gabon : le gouvernement peut-il transformer un excédent budgétaire en croissance durable ?

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Avec un solde budgétaire positif de 883,2 milliards FCFA en 2023 malgré une récession de 2,4 %, le Gabon affiche une performance comptable notable. Mais la véritable question reste entière : cet excédent peut-il devenir un moteur de croissance durable ?

Un excédent budgétaire dans un contexte économique défavorable. Le Conseil des ministres du 12 août 2025, présidé par le chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema, a adopté le projet de loi de règlement 2023. Ce document montre que, malgré un PIB en recul et une baisse du dynamisme hors-pétrole, les finances publiques ont dégagé un excédent de 1 320,6 milliards FCFA sur les opérations budgétaires.

Un résultat impressionnant, fruit d’un taux de recouvrement fiscal record de 132,99 %, mais qui s’accompagne d’un déficit de 516,3 milliards FCFA sur les opérations de trésorerie et de financement, en grande partie lié au poids du service de la dette.

Des investissements nationaux encore trop faibles

Si les recettes sont au rendez-vous, le vrai point noir reste la faiblesse des investissements sur ressources propres, exécutés à seulement 45,04 % des prévisions.

En clair, l’État a su collecter plus qu’attendu, mais a investi moins que prévu dans des projets portés par ses propres moyens. Cette situation limite l’impact direct de l’excédent sur l’activité économique et l’emploi, alors même que les financements extérieurs ont été absorbés à plus de 105 %.

Or, comme le rappellent de nombreux économistes, un excédent budgétaire n’est pas une fin en soi : il doit se traduire par des investissements structurants capables de stimuler la croissance non pétrolière.

La tentation du désendettement vs. le pari de l’investissement

Face à ce solde positif, deux choix s’offrent au gouvernement : utiliser l’excédent pour réduire la dette publique et alléger la charge d’intérêts, ou l’injecter dans des projets économiques à fort rendement.

Le président Oligui Nguema a, à plusieurs reprises, fixé un cap clair : porter la croissance économique à 10 % à moyen terme, grâce à un secteur productif diversifié et innovant. Cela implique de transformer les marges budgétaires en leviers d’investissement dans les infrastructures, l’agriculture, l’industrie locale et le numérique.

Mais cela suppose aussi une gouvernance irréprochable des projets financés, pour éviter les chantiers inachevés et les gaspillages budgétaires qui ont marqué les précédentes décennies.

Un test de crédibilité pour la stratégie économique

La transformation d’un excédent budgétaire en croissance durable passe par trois impératifs : accroître le taux d’exécution des investissements publics sur ressources propres ; cibler les secteurs à fort effet multiplicateur sur l’économie et l’emploi ; renforcer la transparence et l’évaluation des projets financés.

À défaut, l’excédent pourrait n’être qu’un indicateur comptable flatteur, sans réel impact sur le quotidien des Gabonais. En somme, 2024 et 2025 seront des années tests : si le gouvernement parvient à convertir sa performance budgétaire en un élan économique concret, il pourra crédibiliser ses ambitions de souveraineté et de prospérité. Dans le cas contraire, l’excédent 2023 restera une occasion manquée.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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