Gabon: le gouvernement annonce un énième recensement des véhicules de l’État et des réformes à venir
Un peu moins de deux mois après avoir lancé un appel d’offre pour l’achat d’une grosse cinquantaine de véhicules de luxe et ce, malgré des tensions persistantes de trésorerie, le ministère du Budget et des Comptes publics a lancé une opération de recensement des véhicules de l’État. Concernant ceux « immobilisés depuis plus d’un an dans les garages ou autres lieux dans l’Estuaire », cette opération qui devrait prendre fin le 20 mai prochain, interroge, notamment en raison de son timing.
Alors qu’il a lancé récemment un appel d’offre relatif à l’achat d’une grosse cinquantaine de véhicules de luxe dont le coût devrait avoisiner le milliard de FCFA, le ministère du Budget et des Comptes publics vient dans le même temps, par le biais de son secrétaire général, Patrice Inguila, de lancer une opération de recensement. Concernant uniquement l’Estuaire, cette énième opération « de recensement et de mise en réforme de tous les véhicules immobilisés depuis plus d’un an dans les garages ou autres lieux » interroge.
En effet, alors qu’elle aurait dû être annoncée et lancée, bien avant l’achat de nouveaux véhicules en respect du principe d’orthodoxie financière voulue par le Premier ministre Rose Christiane Ossouka et commandée par le contexte économique actuel, cette opération de recensement apparaît comme une manœuvre dilatoire. Il faut dire qu’en la délimitant dans un temps aussi court (6 au 21 mai), une série de numéros limitée (de A à N) et un espace aussi restreint (Estuaire), le ministère du Budget donne une (fausse) impression de rigueur.
Loin de répondre au principe de mutualisation et d’optimisation de la gestion du parc automobile de l’Etat, encore plus loin de répondre aux enjeux de performance économique que nous imposent les conditions infrastructurelles actuelles, ce recensement couplé à cette acquisition prochaine de véhicules, stigmatise une fois encore le manque de clairvoyance de l’exécutif. Loin d’intégrer les objectifs gouvernementaux répondant aux orientations du PAT, ces récentes sorties de Sosthène Ossoungou et son SG, interrogent sur leur caractère efficient.
De plus, si l’on considère qu’en 2018 ce sont 244 milliards de FCFA qui ont été exécutés pour l’achat de véhicules administratifs dont il est aujourd’hui difficile d’avoir une traçabilité, cette opération menée par la Direction générale du patrimoine de l’Etat (Dgpe) semble donc correspondre à une énième redistribution officieuse, de véhicules acquis aux frais du contribuable. Redistribution qui se fait la plupart du temps, moyennant un prix dérisoire.