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Gabon : le dédouanement des pick-ups passé de 30 à 20% en sourdine ?

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En Afrique centrale, l’un des points de discordance qui défavorise le commerce inter-Etats, réside dans des politiques douanières jusque-là divergentes. Lorsque la communauté applique un taux de 20% pour le dédouanement des véhicules de type de pick-ups par exemple, le Gabon, de manière unilatérale, va décider d’appliquer un taux 10 points plus élevé. Résultat, des tarifs finaux plus importants, ce qui freine le développement de certains secteurs et peut avoir un impact sur l’emploi. Face à cette situation, certains opérateurs n’en démordent pas et peuvent obtenir gain de cause. Seulement, cette approche reste pour l’heure isolée, le gouvernement n’ayant pas encore mené une véritable réflexion sur la révision des tarifs douaniers appliqués aux véhicules. 

Le respect des tarifs douaniers en zone CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) pose plusieurs défis, aussi bien pour les entreprises que les autorités douanières. Au sein même de la zone, les réglementations douanières sont complexes et varient d’un pays à l’autre en dépit des efforts pour harmoniser les politiques. Face à cette situation, les entreprises ont du mal à suivre les changements fréquents dans les régulations et les taux de taxation. Au Gabon par exemple, si l’on prend le cas des véhicules de type pickups, ils ont une taxation 10 points au-dessus du tarif communautaire (30%). En cause, une analyse pour le moins subjective. 

En effet, définis de façon universelle comme des véhicules utilitaires légers munis d’une benne ou d’un espace ouvert à l’arrière, ces véhicules sont considérés au Gabon, comme des véhicules de luxe. Il faut dire que l’Etat gabonais les affectionne dans leur version full options. Pour autant, ils n’en restent pas moins des véhicules utilitaires qui doivent être taxés comme tels. C’est ce qu’a d’ailleurs, selon une source digne de foi, tenu à rappeler au gouvernement, un opérateur-importateur qui a obtenu gain de cause. Cependant, ce rétropédalage ne s’est pas encore généralisé. 

De la nécessité d’ajuster les tarifs douaniers à l’ambition de développement 

Avec des prix allant de 15 à 27 voire 32 millions de FCFA en fonction de la marque, de l’année et des options, les pickups au Gabon sont, pour ainsi dire, or de prix. Pourtant, ils sont les mieux adaptés à l’état chaotique de notre réseau routier. Une situation intimement liée aux droits de douane sur ces véhicules. Droits de douanes auxquelles il faut ajouter la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), également appliquée sur les véhicules importés, qui est générale de 18% en zone CEMAC. Ainsi donc, pour dédouaner un pickup importé au Gabon, le tarif douanier se situe autour de 53% du montant en incluant d’autres taxes diverses. 


Dans un pays en panne d’infrastructures de transport malgré la collecte de la redevance d’usure de la route (RUR), en panne de secteurs capables de porter son économie, en panne de développement tout simplement, doit-on continuer à surtaxer des produits utiles pour le quotidien des entrepreneurs et autres particuliers ? Sachant que le gouvernement s’en dote allègrement sans résultats apparents, sachant qu’ils sont utiles pour les principaux secteurs de notre économie que sont le pétrole, les mines, le bois, les télécoms, doit-on continuer de s’engouffrer dans des logiques qui freinent le développement? Aux autorités de la transition de décider.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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