A La UneDerniers articlesECONOMIE

Gabon : le CTRI se dote d’une enveloppe de 220 milliards de FCFA pour « ses projets prioritaires »

Lire cet article

À la tête du pays depuis le coup d’État du 30 août 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) présidé par le Général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguéma, semble déterminé à marquer son passage à la tête du pays. C’est ce que laisse penser la ligne budgétaire de 220 milliards de FCFA qu’il s’est attribuée dans le projet de loi de finances 2024 et adossé aux dépenses d’investissements publics. Une ligne budgétaire colossale, qui à elle seule, fait bondir de 67% les investissements. 

Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dispose-t-il d’une feuille de route parallèle à celle du gouvernement de transition ? C’est la question que l’on pourrait aisément se poser au regard de la ligne budgétaire qui lui est dédiée au titre des dépenses d’investissement. Alors que celles prévues dans un premier temps étaient de l’ordre d’un peu moins de 278 milliards de FCFA, en y ajoutant les « projets prioritaires du CTRI », la note passe à 497,8 milliards de FCFA. Un différentiel qui s’explique par la ligne budgétaire de 220,7 milliards de FCFA exclusivement profitables « au gouvernement militaire ». 

En effet, aux commandes du pays depuis le putsch du 30 août dernier, le CTRI présidé par le Général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguéma, aura donc les coudées franches pour réaliser l’ensemble des projets qu’il juge prioritaires. Projets au titre desquels on note la Route Oyem-Medzeng pour un montant de 30,9 milliards de FCFA, 2 fly-overs, 4 passerelles piétonnes et le nouveau pont d’Ebel-Abanga pour 24 milliards de FCFA, le périphérique Cap-Owendo incluant un tramway pour 12 milliards de FCFA ou encore la construction de ponts en béton à travers le pays pour 10 milliards de FCFA.

Des projets prioritaires du « gouvernement militaire » parallèles à ceux du« gouvernement civil » 

S’ils s’inscrivent dans la droite ligne des ambitions retrouvées d’un pays, qui au cours des 14 dernières années s’est assis sur ses lauriers en ne misant que peu sur le développement infrastructurel, ses « projets prioritaires », auxquels il faut ajouter la route Sibang-Bambouchine, pour 10 milliards de FCFA, le tronçon Bifoun-Ndjolé pour un montant de 8,3 milliards de FCFA, la réhabilitation des voiries dans 8 provinces pour 36,5 milliards de FCFA et les routes Ovan-Makokou, forasol-Mbega, Moanda-Bakoumba pour un total de 15 milliards de FCFA, semblent donc également aller dans le sens d’un adoubement des nouveaux hommes forts du pays. 

Le gouvernement de transition en quête de financements et le CTRI en opération conquête 

Alors que « le gouvernement civil » est occupé à rechercher des financements pour combler le déficit créé par des annonces « populistes » du président de la Transition, à l’image des bourses au secondaire dont le montant de 12,08 milliards de FCFA devrait encore légèrement augmenter du fait de l’annonce d’une allocation supplémentaire malgré l’inopportunité économique de cette dépense, « le gouvernement militaire » qui s’est doté du plus gros budget de l’histoire du pays, semble avoir toute la latitude pour se déployer et possiblement s’inscrire dans la durée. 


Avec des dépenses de l’ordre de 771 milliards de FCFA pour le personnel dont plus de 46 milliards de FCFA pour le recrutement de nouveaux agents en 2024, la création d’une banque nationale pour booster l’entrepreneuriat des jeunes, annoncée lors du discours à la nation du 31 décembre dernier, alors même que le déficit infrastructurel demeure, le tout dans un contexte où le stock de la dette publique devrait continuer de se renforcer, notamment avec les 854 milliards de FCFA d’émissions de titres publics prévus d’ici quelques semaines, cette enveloppe dédiée au CTRI divise clairement l’opinion. Reste à savoir si, au moins, tous ses « projets prioritaires » verront le jour.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page