Gabon : le centre de rééducation pour jeunes délinquants toujours attendu
La phase sentencielle dans le parcours criminel d’un jeune est souvent très délicate. En effet, les jeunes condamnés, bien qu’étant jugés par des tribunaux spécialisés, exécutent leurs peines dans les mêmes centres de détention que les adultes. Une anomalie que le président Ali Bongo Ondimba s’était engagé à corriger en 2016.
Construire un centre de rééducation des jeunes délinquants condamnés. Ce fut l’une des promesses phares du candidat Ali Bongo Ondimba en 2016. Avec une telle mesure, le Gabon entendait se conformer à ses engagements internationaux et notamment à la Convention des Nations Unies relative aux droits des enfants. Cependant, sept ans après, le centre de rééducation des jeunes délinquants qui devait être sous la tutelle de l’armée, n’a toujours pas vu le jour.
Des mineurs délinquants toujours à la merci de la récidive
Bien que le Gabon ait connu des avancées majeures sur le plan législatif en adoptant en 2010 la loi 39/2010 du 25 novembre 2010, portant régime judiciaire de protection des mineurs, qui crée des tribunaux pour mineurs, il reste toutefois encore du travail. En effet, malgré les engagements du chef de l’Etat d’accompagner les jeunes délinquants condamnés au sein de structures adaptées, on constate malheureusement qu’ils sont toujours détenus dans des centres où sont incarcérés des majeurs. Ainsi, ces jeunes sont exposés à toute forme de sévices.
Par ailleurs, si des formations sont bien dispensées dans certains centres de détention du pays, il n’existe cependant aucun programme en vue de la réinsertion de ces jeunes, dans la phase post-sentencielle de leur parcours criminel. En effet, à leur sortie de prison, les jeunes délinquants sortent des radars de l’Etat, et regagnent leur environnement naturel. Dans ces conditions, les risques de récidive demeurent très élevés.
De bonnes intentions pour zéro résultat
Malgré le constat rigoureusement dressé par le candidat Ali Bongo Ondimba en 2016, le résultat est celui d’un échec de sa politique carcérale des mineurs. « Nos jeunes sont le produit de leur environnement, et il arrive parfois que cet environnement les conduise, avec de mauvais conseils ou des mauvaises fréquentations, à commettre des actes graves qui méritent une sanction », pouvait-on lire dans son programme « Mon engagement pour un Gabon émergent ».
Le candidat de l’époque entendait ainsi proposer quelque chose de neuf à cette jeunesse en perdition « notre système doit être en mesure d’offrir une seconde chance à ces jeunes, de leur donner de nouvelles références, un nouveau cadre de socialisation, qui leur permette d’éviter d’entrer dans une spirale sans fin liée à la délinquance et à l’incarcération », assurait-il avant de s’engager à ce que « 100 % des mineurs condamnés soient pris en charge dans le centre de rééducation de l’armée » d’ici 2023.