Gabon : l’amélioration de la desserte en électricité, une question d’ambition socio-économique

Depuis plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois, les populations gabonaises vivent au rythme des coupures intempestives d’électricité. Celles-ci ont un impact considérable sur l’activité économique et de diverses manières, ce qui a d’ailleurs conduit à une audition du directeur général de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) en début de semaine dernière. Mais qu’est ce qui explique de tels manquements alors que l’amélioration de la desserte en électricité est un enjeu majeur de développement économique, mieux de qualité de vie. 

Élément vital et essentiel des économies modernes, l’électricité reste pourtant encore négligée au Gabon. Le réseau actuel est vieillissant et nécessite au moins 475 milliards de FCFA d’investissements pour être mis aux normes. La gouvernance de la seule et unique entreprise dédiée au secteur est désastreuse et marquée par des dérives managériales et financières. Résultat, un réseau électrique peu fiable qui peine à alimenter les industries, les entreprises et les infrastructures alors que le CTRI souhaite développer une ligne de tramway et d’autres projets nécessitant un réseau électrique optimal.

Mais pourquoi donc une telle inefficacité dans ce domaine ?

C’est la question centrale. Qu’est ce qui peut expliquer une telle négligence de la part de l’Etat, liée à la SEEG par une concession d’exploitation? Qu’est ce qui peut l’expliquer quand on sait par exemple que l’électricité est l’élément vital permettant aux activités économiques de prospérer, qu’un réseau électrique fiable alimente les processus de fabrication, soutient les systèmes de transport et stimule l’innovation dans divers secteurs, favorisant ainsi la croissance économique et la prospérité globale? Des interrogations que n’ont pas intégrées les gouvernements déchus et qui semblent ne pas trouver meilleur écho chez les gouvernants actuels. 

Élément fondamental de l’infrastructure d’un pays, un réseau électrique fiable soutient la construction et l’exploitation d’installations essentielles telles que des hôpitaux, des écoles, des usines de traitement des eaux et des réseaux de communication. Autant le dire, sans électricité, la fonctionnalité et l’efficacité de ces services essentiels sont gravement compromises. On peut d’ailleurs le constater à travers divers témoignages dans nos hôpitaux, révélant souvent des cas d’absence d’électricité pour poursuivre des opérations par exemple. Un autre élément qui souligne l’importance de viabiliser très rapidement le réseau électrique.

Si l’on y ajoute le fait que les industries dépendantes de l’électricité créent des emplois et stimulent les opportunités, on se rend compte que l’amélioration de la desserte en électricité n’est pas uniquement une question de consommation, mais bel et bien une question de développement. Un réseau électrique robuste attire les investissements dans les industries à forte intensité énergétique comme l’industrie manufacturière, l’exploitation minière et surtout la technologie, améliore la qualité de vie des citoyens de nombreuses manières et facilite également l’accès aux technologies de l’information et de la communication.

Dans un pays en pleine transition, il serait de bon aloi que toutes ces possibilités, auxquelles on pourrait ajouter l’amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire, un autre enjeu majeur qui vient d’être renforcé par la création d’une nouvelle société dédiée à la dynamisation du secteur agricole, soient prises en compte. Le mix énergétique tant attendu devrait donc être mis en œuvre. Le gouvernement de transition doit dans ce domaine revoir sa copie, étant entendu qu’un réseau électrique fiable peut également contribuer à la durabilité environnementale en facilitant l’adoption de sources d’énergie renouvelables.