Gabon : la « Young team » seule responsable des détournements massifs de fonds publics ?
C’est la question qui taraude les esprits après l’annonce de la mise sous mandat de dépôt du fils de l’ancien président Noureddine Bongo Valentin et de plusieurs de ses affidés ce mardi 19 septembre 2023. Si dans l’opinion nationale, l’emprisonnement de ces « délinquants financiers » semble procurer satisfaction, elle ne devrait pas éluder l’idée selon laquelle ces derniers ont bénéficié de complicité de plusieurs personnalités qui se terrent actuellement au sein de la haute administration.
Si au cours du point de presse qu’il a animé le mercredi 20 septembre 2023, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Libreville, André Patrick Roponat a décliné les premiers éléments de l’enquête diligentée contre la « Young Team » et la mise sous mandat de dépôt entre autres d’Ian Ghislain Ngoulou, Noureddine Bongo Valentin, Oceni Ossa Abdul Moubcith, Mohamed Ali Saliou et Jessye Ella Ekogha s’ajoutent Cyriaque Mvourandjiami et Gisèle Mombo, des interrogations subsistent.
Poursuivi pour les chefs d’accusation de « haute trahison contre les institutions de l’État, détournement massif des fonds publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active et trafic des stupéfiants », l’implication de ces personnalités si elle est avérée au cours de l’instruction ne manquera pas de questionner sur l’ampleur de ces agissements et leurs conséquences au sein de l’administration.
La Young team n’a-t-elle tissé un réseau de détournement au sein de l’administration publique ?
Il faut souligner que pour la mise en place d’un réseau de criminalité financière aussi vaste, Noureddine Bongo Valentin et ses amis auraient semble-t-il bénéficié de facilités au sein de plusieurs administrations. Faut-il rappeler que la procédure de décaissement de fonds publics obéit à une procédure bien déterminée mettant en scène plusieurs acteurs. De l’ordonnateur de crédit à l’agent comptable en passant par le directeur central des affaires financières ou encore le contrôleur budgétaire, il est improbable que certains d’entre eux n’aient pas observé des opérations peu orthodoxes.
Toute chose qui laisse croire que les prochains jours, d’autres personnalités et hauts cadres de l’administration pourraient être invités à s’expliquer sur la gestion de certains dossiers, surtout que lors de son point de presse, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Libreville avait assuré que l’enquête se poursuivait et que d’autres interpellations pourraient intervenir.