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Gabon : la mercuriale, une solution court-termiste qui obère le bon fonctionnement du marché ?

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Pour tenter une nouvelle fois de répondre au défi de l’inflation galopante que subit le pays, le gouvernement de transition a une nouvelle fois décidé de tabler sur la mise en place d’une mercuriale. Solution cosmétique, cette nouvelle mercuriale, en vigueur depuis le 18 mars dernier, s’articule autour de la suspension des droits et taxes sur certains biens et services soumis au plafonnement des prix pour une durée de 3 mois. Une solution qui n’en est donc pas réellement une à bien des égards. 

Dans son plan national de développement pour la transition (PNDT), le gouvernement gabonais entend sur le plan macroéconomique, renforcer la promotion d’une croissance économique inclusive et durable à travers la diversification du potentiel économique national et surtout maîtriser les tensions inflationnistes pour lutter contre la vie chère et réduire les coûts des intrants dans plusieurs secteurs. Mais comment y parvenir. En général, les gouvernements, dans un tel cas, disposent de quelques instruments.

Parmi ces instruments, la réduction des dépenses publiques, la réduction des investissements, ou encore le recours aux emprunts extérieurs. Pour le premier, au regard du train de vie actuel de l’Etat, ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour le deuxième, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) étant engagé dans un processus de développement tous azimuts, ce n’est là non plus à l’ordre du jour. Quant au troisième instrument relatif aux emprunts extérieurs, ils servent essentiellement à financer les deux premiers. Que reste-t-il dans ce cas? La mercuriale.

Une solution cosmétique

Plébiscitée par les gouvernements successifs, que ce soit ceux du régime déchu ou celui de transition, cette mercuriale reste pourtant une solution cosmétique dans la mesure où elle ne règle pas le problème, ou du moins elle le règle en partie. Pour preuve, celle en vigueur depuis le 18 mars dernier, n’est valable que pour les trois prochains mois et n’est appliquée que sur certains produits dits de première nécessité. Résultat, pour limiter l’impact de cette mesure, les opérateurs ont trouvé une parade, majorer les prix des autres produits, notamment…cosmétiques. Ironique. 

Sachant qu’en matière de gouvernance le pays dispose encore d’un score marginal. Sachant que l’administration gabonaise reste encore peu productive avec des agents encore enclins à la corruption, des facteurs qui concourent grandement à renforcer la défiance des opérateurs économiques vis à vis des mesures prises par le gouvernement dont l’application d’une mercuriale, comment espérer que cette mesure puisse régler une problématique aussi profonde?

Interrogé sur ce sujet durant la dernière campagne présidentielle, le Pr Albert Ondo Ossa déclarait d’ailleurs, « la mercuriale est une mauvaise solution pour un vrai problème ». Qualifiant par ailleurs de « saupoudrage » cette mercuriale des prix, il fustigeait déjà à l’époque, une politique économique axée sur le manque d’anticipation et l’improvisation avant d’ajouter que « ce que l’état doit faire, c’est créer des externalités, c’est-à-dire créer les conditions qui permettent au marché de se déployer, essentiellement les infrastructures ». C’est clair, c’est net et c’est limpide. 

Plutôt que de disperser les deniers publics à travers une mesure loin d’apporter des garanties, le gouvernement devrait donc accentuer ses dépenses dans le développement des infrastructures, qui limiterait à minima l’impact négatif de la parafiscalité sur notre économie, et par effet domino, entraînerait naturellement une baisse des prix de certains produits. Autre solution, redéfinir certains tarifs douaniers et les imputer à des secteurs hautement productifs, notamment les industries extractives, qui ont trop longtemps bénéficié des largesses de l’exécutif. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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