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Gabon : la gratuité des frais d’inscription, une mesure aux effets pervers !

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La mesure visant à rendre gratuites les inscriptions scolaires dans l’ensemble des établissements scolaires publiques du pays rencontre un plein succès. Seulement, devant cet engouement des familles, les responsables d’établissements se retrouvent très vite confrontés à la sempiternelle limite des places disponibles. Une situation qui crée parfois des tensions avec certaines familles, qui n’acceptent pas toujours cet argument.  

Les autorités de la transition ont-elles préalablement évalué, sous tous leurs aspects, les conséquences de la mesure de gratuité des inscriptions ? À l’épreuve des faits, on serait tenté de répondre par la négative. En effet, cette décision, salutaire, pâtit aujourd’hui de 14 années de sous investissement en faveur de la construction des salles de classe.   

Les établissements publics confrontés à la limite des places 

Prioriser les élèves déjà inscrits ou répondre favorablement aux nouvelles demandes d’inscription, le tout avec des infrastructures limitées. C’est la gymnastique à laquelle sont confrontés les chefs d’établissements publics depuis l’annonce par les autorités de la gratuité des inscriptions. « Aujourd’hui avec la gratuité, il y a une ruée vers le public. Tous ceux qui étaient inscrits dans le privé, et qui payaient des sommes considérables, viennent vers nous. Mais malheureusement, nous ne pouvons pas tous les recevoir », nous a confié un chef d’établissement primaire de Libreville. 

Ce responsable d’école qui a souhaité garder l’anonymat a confié que sur les 502 places que compte son établissement, 447 sont déjà réservées aux anciens élèves. C’est pourquoi, il a appelé au bon sens des parents d’élèves « Si nous prenons le risque d’inscrire en masse, nous risquons de nous trouver en porte à faux avec ceux qui en réalité, sont déjà des élèves inscrits dans notre établissement ». Il a par ailleurs précisé que son établissement ne compte que 12 salles de classes, dont 2 déjà occupées par les sections 4 et 5 ans.

14 ans de sous investissement, facteur de fragilité du système éducatif national 

Depuis l’avènement d’Ali Bongo au pouvoir en 2009, on a assisté à une croissance d’établissements privés. Une initiative d’entrepreneurs privés à laquelle l’Etat a fini par s’accommoder, car répondant à la problématique d’effectifs pléthoriques rencontrée dans les établissements publics. Seulement, cette privatisation de la formation des jeunes a eu pour conséquences, une baisse du niveau d’instruction et un désengagement croissant de l’Etat en faveur de ce secteur régalien.


Si le pouvoir déchu s’est targué durant la campagne électorale d’avoir construit ou réhabilité 3 480 salles de classe pouvant accueillir 122 000 élèves, cet investissement de l’Agence française de développement (AFD), ne permet en réalité que de répondre en partie, à la problématique des effectifs pléthoriques au sein des établissements publics. En effet, le cas de ces milliers de familles modestes, qui se voient contraintes de dépenser des sommes importantes dans des structures privées pour répondre au besoin d’instruction de leurs enfants, n’est toujours pas résolu. 

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