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Gabon : la filière cacao-café toujours en quête d’investissements

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Au terme de la campagne 2022-2023, le marché mondial du cacao a souffert d’une insuffisance d’approvisionnement en lien avec les mauvaises conditions météorologiques en Afrique de l’Ouest. Il faut dire que les deux principaux pays producteurs que sont la Côte-d’Ivoire et le Ghana qui représentent 60% de l’offre mondiale, n’ont pas été en mesure de satisfaire la demande. Toute chose qui devrait être une aubaine pour le Gabon, dont le potentiel est quasiment identique, mais dont la filière souffre malheureusement d’une absence criante d’investissements.

Si on se réfère au dernier tableau de bord de l’économie gabonaise, les activités de la filière café-cacao supervisées par la Caisse de Stabilisation et de Péréquation (CAISTAB), principal instrument d’intervention de l’Etat dans ce domaine, ont une nouvelle fois obtenu des résultats mitigés. Encore fortement dépendante de la subvention allouée par l’Etat central, cette filière peine à fournir les résultats escomptés. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires consolidé de la vente du café et du cacao a reculé de 1,0% pour se situer à 36,97 milliards FCFA en 2023. Une inflexion essentiellement liée au repli des ventes. Mais ce chiffre reste insignifiant comparativement au potentiel de ce segment. 

En effet, après avoir été négligée pendant des décennies, la filière cacao qui semble aujourd’hui partie intégrante de la stratégie de diversification économique lancée par les autorités gabonaises, que ce soit celles du régime déchu ou celles de la transition. Le séminaire d’il y a quelques semaines organisé par la Caistab en est d’ailleurs la résultante. Mais pour rendre ce pari ambitieux possible, il faut relever de multiples défis. Parmi eux, relancer l’investissement. Il faut dire que malgré un accroissement d’un peu plus de 1,3% de sa valeur ajoutée qui se situe autour de 15,81 milliards de FCFA en 2023 comparativement à 2022, les retombées ne sont que peu significatives.

Des investissements d’à peine 553 millions de FCFA

Or, pour redorer le blason de ce segment cacao auquel est très souvent adossé le segment café, il faut investir. Des investissements qui se sont situés en 2023 à 553 millions de FCFA quasi exclusivement en achat de véhicules. Compte tenu de ces faiblesses structurelles, l’Etat à travers la Caistab, doit repenser son modèle économique. A ce titre, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. D’abord, des investissements ciblés dans la recherche agricole pour s’arrimer aux nouvelles normes, ce qui permettrait en parallèle de développer des variétés de cacaoyers adaptées aux conditions locales, résistantes aux maladies et aux changements climatiques. Ensuite dans la formation et l’assistance technique. Ce pan trop souvent négligé par les autorités, devra impérativement être intégré dans la stratégie. Il faut former les agriculteurs aux meilleures pratiques agricoles pour augmenter le rendement et la qualité du cacao.

Améliorer les infrastructures de transport et de stockage

Point crucial de ses investissements et on ne le répétera jamais assez, les infrastructures. Pour atteindre ou au moins effleurer le niveau de production de la Côte d’Ivoire, du Ghana ou même du Cameroun voisin, 5ème producteur mondial de fèves de cacao, il faut nécessairement doper l’investissement dans les infrastructures, ce qui en parallèle permettra de doper l’économie, partant du principe que « quand le bâtiment va, tout va ». Capable d’offrir un meilleur accès au marché et une meilleure capacité de stockage, ce qui reste à ce jour le principal défi des producteurs locaux, ses investissements sont la seule issue possible au développement de ce segment qui représentent les ⅔ des revenus ivoiriens, et qui permettrait au Gabon de sortir progressivement de la rente. Aux autorités donc de prendre la mesure de cette problématique.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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