Gabon : la Direction de la sécurité routière à côté de la plaque
Si la prise en compte des problèmes de sécurité routière au Gabon remonte à 1974, avec la création de la Direction de la Sécurité Routière à la Présidence de la République par le décret n°001796/PR du 24 décembre 1974, les solutions à ces problèmes sont toujours en attente. Glissières endommagées rendant le trafic insécuritaire, nids de poule, éclairage défaillant, non-respect flagrant du code de la route, les faits sont là. En l’absence de stratégie intégrant les données sur la sécurité routière, il est difficile d’identifier les zones à risque.
Selon les plus récentes données qui datent de 2019 et 2020, publiées par la direction générale de la sécurité routière (DGSR), en 2019, on dénombre 1526 accidents de la route, 111 décès, 665 blessés en 2019 et plus de 3748 accidents en 2020 pour 77 décès et plus de 1196 blessés. Les chiffres font froid dans le dos pour un pays comme le Gabon. Ils témoignent d’une certaine légèreté dans la prise de décisions de l’exécutif, qui semble ne pas considérer comme gravissime, les 188 décès enregistrés sur nos routes entre 2019 et 2020.
La Direction de la sécurité routière en fait-elle assez?
En effet, causées par plusieurs facteurs, ces décès n’ont pas encore conduit à de véritables changements dans la politique de sécurité routière. L’opinion a certes vu le responsable de la DGSR se pointer sur la route avec un radar électronique, mais est-ce suffisant ? Parlons d’ailleurs de la DGSR, conformément au décret n° 1374/PR/MT du 20 novembre 2011 en son article 2, elle a pour missions de concevoir et faire appliquer la politique du Gouvernement en matière de sécurité routière, concevoir et mettre en œuvre des mesures de prévention et de sécurité routière et améliorer les conditions d’utilisation de la route.
Pourtant, malgré un cadre juridique clair et précis, rien ou presque n’est fait. La DGSR peine à exercer son action sur les infrastructures routières et ses équipements, sur la sécurité des véhicules, le comportement des usagers et l’environnement. Pour preuve, sur l’axe PK5-PK12, bon nombre de glissières de sécurité sont endommagées au nez et à la barbe du responsable de cette entité. Côté sensibilisation, éducation et information routière, rien également. Or, à l’approche de la saison des pluies, période propice à de nombreux accidents, des mesures devraient déjà être envisagées.
En Europe par exemple, d’une saison à une autre, un type de pneus précis est utilisé. Ces mêmes pneus usagés, qui viennent garnir les entrepôts des vulcanisateurs sans qu’on sache réellement s’ils répondent aux attentes en matière de sécurité sur nos routes. Une situation qui souligne l’absence de coordination entre les administrations et organismes publics et privés concernés par les actions ayant une incidence sur la sécurité routière en vue d’assurer la sécurité des usagers de la route sur l’ensemble du territoire national.
Rien en matière de suspension ou de retrait de permis de conduire, pourtant bon nombre de conducteurs ne devraient même plus avoir le droit de tenir un volant. La DGSR semble se contenter d’exister, alors qu’entre 2019 et 2020 seulement, 188 familles ont été endeuillées. Sans campagnes de sensibilisation et de prévention, sans données relatives aux types de routes et aux axes les plus accidentogènes divulguées au grand public, sans analyse des données pouvant mener à des investissements appropriés dans les infrastructures ne répondant pas aux véritables besoins de sécurité, elle semble faire du pilotage à vue.