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Gabon : Jusqu’à 60% des dépenses de l’Etat affectées au fonctionnement

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Populisme économique et contraintes budgétaires ne font pas bon ménage. Comme on peut s’en douter, des politiques populistes comme celles menées actuellement, peuvent mener à des dépenses publiques excessives pour satisfaire des demandes populaires, entraînant une augmentation rapide de la dette publique et une pression accrue sur les finances nationales. Et c’est exactement ce qui semble se profiler à l’horizon. Dans la loi de finances rectificative estimée à 4493,4 milliards de FCFA, 60% des dépenses totales sont affectées aux dépenses de personnels, aux dépenses de biens et services et aux dépenses de transferts. Ce sont plus de 1561,6 milliards de FCFA. Excessif. 

Inflation, mauvaise allocation des ressources, détérioration de la confiance des investisseurs, corruption, népotisme et clientélisme sont autant de maux qui minent encore le Gabon. Ces maux sont entretenus par une volonté populiste qui demeure malgré les promesses de changements profonds. Pourtant ce populisme économique qui se caractérise par des politiques promettant de nombreux bénéfices immédiats et importants pour les masses qui ignorent les contraintes économiques et les réalités à long terme, ne présente que des dangers pour une économie fragile comme la nôtre. Toute chose que semble ignorer le gouvernement actuel qui vient d’intensifier sa politique budgétaire expansionniste. 

Charles M’ba, ministre des Comptes publics, en présentant la loi de finances rectificative, à comme ses prédécesseurs du régime déchu, privilégié  les dépenses de personnels, celles de biens et services et celles de transferts évaluées à plus de 1561,6 milliards de FCFA. C’est 60% du volume total des dépenses budgétaires, dans un contexte où le Gabon fait face comme l’a expliqué Fitch Ratings, a de nombreux risques pour sa capacité de remboursement de la dette et sa capacité à mobiliser un financement suffisant. En plus des risques qui pèsent sur les entreprises privées en matière d’impayés. 

771 milliards de FCFA de masse salariale à l’heure du changement 

Quel était l’intérêt d’augmenter aussi substantiellement la masse salariale de l’Etat, conscient du fait que l’administration gabonaise est loin d’être aussi efficace? Quel était l’intérêt de tabler sur des dépenses de biens et services à près de 400 milliards de FCFA dont près de 50 milliards de FCFA en besoins additionnels pour cette même administration publique? Deux questions cruciales qui permettent de souligner de nouveaux dérapages budgétaires substantiels. Ces mêmes dérapages qui ont été tant décriés sous le régime précédent. 

Continuant d’accumuler les arriérés externes sur la dette envers les créanciers officiels, estimés à 165 milliards de FCFA soit 1,2 % du PIB à fin mai 2024. Avec un bilan des dépenses extrabudgétaires qui ajoute des incertitudes à la trajectoire budgétaire, dans un contexte où le pays doit accentuer ses investissements infrastructurels, cette volonté d’alourdir les dépenses de l’Etat ne s’explique pas, d’autant que les recettes budgétaires nettes qui comprennent les recettes du budget général et celles des comptes spéciaux, ne crèveront pas le plafond même si elles sont évaluées à 2.862,2 milliards de FCFA. Incompréhensible. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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