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Industrie : Gunvor, le négociant européen à la conquête des matières premières gabonaises

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Société de négoce pétrolier aux capitaux suisses, français, hollandais, américains et anglais, Gunvor a réussi la prouesse de rafler la mise devant ses concurrents dans le cadre du deal stratégique Gabon Oil Company (GOC)-Assala Energy. Partenaire du Gabon dans le cadre de cette opération, la société basée en Suisse a financé ce rachat et s’est ouverte une brèche vers une plus grande implication dans les matières premières gabonaises. Il faut dire qu’avec 744 milliards de FCFA à rembourser pour la partie gabonaise dans le cadre de ce deal, tout peut désormais arriver. 

Alors que les Suisses Trafigura et Vitol semblaient tenir la corde dans le cadre du deal GOC-Assala Energy, qu’était un temps évoquée la possibilité pour le groupe turc BGN de jouer les troubles fêtes et que le duo British Petroleum-Trafigura faisait également une dernière offre pour accompagner l’Etat dans le cadre de ce rachat avec en prime une rencontre officielle avec le ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi en mai dernier, l’Etat gabonais a finalement cédé aux sirènes de Gunvor. Il faut dire que le négociant Européen n’a pas lésiné sur les moyens, avec pas moins de 500 milliards de FCFA de capitaux apportés.

Basée en Suisse, disposant de capitaux suisses, français, hollandais, américains et anglais et détenue majoritairement (85%) par l’homme d’affaires Torbjörn Törnqvist, un citoyen suédois, comme nous l’a confirmé ces derniers jours son service relations publiques, Gunvor a donc pris les devants dans la dernière ligne droite s’offrant au passage une entrée remarquée dans le secteur des hydrocarbures gabonais. Et pour cause, en aidant le pays à financer cette opération alors qu’il était au pied du mur avec des risques croissants pour sa capacité de remboursement de la dette et des risques pour sa capacité à mobiliser un financement suffisant, triplés d’une crise de confiance auprès des créanciers officiels, le négociant à ôter une épine dans le pied du gouvernement. 

Un spécialiste du trading pétrolier aux relents de controverses

Spécialisé dans le trading de matières premières, notamment les hydrocarbures, le négociant maladroitement présenté comme Russe, dispose d’un vaste réseau de clients et de partenaires à travers le monde qui pourrait lui permettre d’offrir au Gabon un accès privilégié et diversifié aux marchés internationaux pour ses exportations d’hydrocarbures. Ce qui tombe bien puisqu’avec désormais plus de 50 000 barils/jour de production journalière, le pays devra trouver de nouveaux débouchés. Grâce à son expertise en négociation et en gestion des risques, le trader Suisse pourrait également aider le pays à obtenir de meilleures conditions de vente pour ses produits pétroliers et gaziers, en se faisant de belles marges au passage. Mieux encore, possédant des infrastructures de stockage et de transport de pointe, il pourrait aider à améliorer l’efficacité logistique des opérations pétrolières et gazières au Gabon, réduisant les coûts et les délais de livraison.

Avec en prime un transfert de compétences à destination des acteurs locaux du secteur des hydrocarbures, des investissements dans des infrastructures locales telles que des installations de stockage ou des terminaux d’exportation, son partenariat avec l’Etat gabonais pourrait ouvrir de nouvelles perspectives, ce qui stimulerait le développement économique et améliorerait les capacités du pays en matière de gestion des ressources. Stratégique, ce partenariat place désormais le Gabon sur la carte des investisseurs internationaux dans le secteur global des hydrocarbures. Un excellent deal pour l’opérateur même si quelques points d’interrogation subsistent au regard des controverses qui l’entourent, et qui pourrait également s’avérer excellent pour le Gabon si les contours en termes de gouvernance sont mieux structurés.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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