Gabon : entre divisions et querelles internes, le PDG en crise à quelques jours de la présidentielle
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Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), autrefois formation politique hégémonique du pays, traverse une tempête interne qui fragilise son unité et expose au grand jour une lutte de pouvoir féroce. À quelques semaines de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, la cacophonie qui règne au sein de l’ancien parti au pouvoir reflète une désorganisation profonde et un manque de leadership clair.
Une guerre de légitimité entre factions rivales. Deux camps s’affrontent désormais pour le contrôle du parti. D’un côté, le bureau exécutif conduit par Blaise Louembé, désigné à l’issue du congrès extraordinaire du 30 janvier dernier et qui tente d’imposer sa direction. De l’autre, les « légalistes » menés par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, Francis Nkéa Ndzigue et plusieurs autres figures historiques du parti, qui contestent vigoureusement cette nouvelle direction, dénonçant une « forfaiture » et une violation des statuts fondateurs du PDG.
Ces derniers se réclament loyalistes et fidèles à Ali Bongo Ondimba, président déchu et toujours considéré par eux comme l’unique dirigeant légitime du PDG. « Seul Ali Bongo pouvait convoquer un congrès. Ce qui a été fait sans son aval est illégal », a insisté Ali Akbar Onanga Y’Obegue lors d’une récente conférence de presse à Angondjé.
Pour les « légalistes », le bureau de Blaise Louembé n’est rien d’autre qu’une tentative opportuniste de certains cadres du parti de se repositionner auprès du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), allant jusqu’à dénoncer une « trahison » envers les principes du PDG.
Un parti en crise à l’aube d’un scrutin décisif
Cette division en pleine campagne électorale jette une ombre sur l’avenir du PDG. En effet, la présidentielle à venir est la première organisée depuis la chute d’Ali Bongo et représente un test crucial pour le parti, qui cherche à conserver une influence politique malgré sa perte du pouvoir en août dernier.
Si le camp Louembé tente de structurer son action, en mettant en place des commissions et en préparant une révision des statuts, il est clair que l’instabilité actuelle rend improbable toute mobilisation efficace des militants en vue de l’élection présidentielle. Pendant que d’autres formations affûtent leurs stratégies électorales, le PDG s’enlise dans des querelles intestines qui pourraient lui coûter cher.
« Nous refusons la manipulation et la désinformation ; notre parti est structuré et nous avons tenu un congrès conforme aux règles en vigueur », a tenté de rassurer Blaise Louembé. Mais face à l’absence de consensus interne et au spectre d’une implosion, le doute persiste sur la capacité du PDG à peser véritablement dans la compétition électorale.
Quelle image pour le PDG sur la scène politique ?
Ce climat de crise au sein du PDG envoie un message confus à l’opinion publique. Un parti qui se présente comme une alternative crédible ne peut souffrir d’une telle désorganisation et de luttes internes. Cette guerre de leadership met en évidence les failles structurelles héritées du règne d’Ali Bongo, où le parti fonctionnait sous un contrôle centralisé. Aujourd’hui, sans chef véritablement reconnu par l’ensemble des cadres, le PDG semble à la dérive.
Plus préoccupant encore, cette cacophonie pourrait profiter aux adversaires du PDG, notamment au CTRI et aux nouvelles forces politiques qui émergent dans le pays. Si le parti ne parvient pas à régler ses dissensions rapidement, il risque de devenir un acteur marginal dans une élection où l’unité et la clarté des positions seront déterminantes.
À moins d’un sursaut rapide, le PDG pourrait bien faire les frais de son éclatement et voir son influence s’effondrer encore davantage. L’élection du 12 avril s’annonce comme un moment charnière qui scellera soit sa résilience, soit sa disparition progressive du paysage politique gabonais.
GMT TV