Gabon : de la nécessité de mettre fin au kounabélisme et au culte de la personnalité érigés par le PDG
Depuis la désignation du Général Brice Oligui Nguema comme président de la transition, on voit fleurir des affiches et autres gadgets à son effigie, et des discours de ralliement communautaires inondent de plus en plus la toile. Des comportements qui rappellent curieusement les méthodes du pouvoir servile des Bongo, au point que de nombreux compatriotes s’inquiètent du risque d’un retour au culte de la personnalité.
S’il y a bien une leçon à tirer après le renversement du système PDG par les forces de défense et de sécurité, c’est de se garder de reproduire les mécanismes qui ont conduit à l’asservissement des Gabonais. C’est sans doute l’un des chantiers auxquels doit urgemment s’atteler le prochain gouvernement de transition, face au retour apparent du kounabélisme et du culte de la personnalité dans l’espace public.
Une recrudescence inquiétante des pratiques kounabélistes
« Akiba au CTRI pour la restauration de la dignité gabonaise », pouvait-on lire sur une affiche, lors d’une rencontre de soutien des populations du Woleu-Ntem le 1er septembre dernier à Libreville. Marche de soutien à Oyem ou à Makokou, repas de soutien des ressortissants du Woleu-Ntem au Jardin Botanique de Libreville, ou encore la multiplication de motions de soutien de plusieurs mouvements et hommes politiques sont devenus légion depuis l’opération de sauvetage de la nation opérée par les Forces armées gabonaises (FAG).
Si tout cela peut paraître anodin pour certains, le spectre d’une résurgence des comportements tribalistes et d’un culte de la personnalité, est plus que jamais présent. En effet, s’il ne fait aucun doute que l’écrasante majorité de la population gabonaise se réjouit du changement de régime, il convient de s’interroger sur l’opportunité du lèche-bottisme ambiant qui pilule dans la société érigé depuis des décennies par le système Bongo-PDG.
De la nécessité d’établir une culture politique de responsabilisation des comportements
L’abrutissement et l’infantilisation de nombreux compatriotes a été la marque de fabrique du Parti démocratique gabonais durant plusieurs décennies. Alors que le pays entre dans une nouvelle ère de son histoire, de nombreux Gabonais espèrent à présent que le nouveau pouvoir interdira ces pratiques d’un autre âge.
En effet, si les nouvelles autorités se sont engagées à redonner aux Gabonais leur dignité, celle-ci devrait également passer par cet acte salutaire. Aussi, les partis politiques, dont l’un des rôles essentiels est de participer à l’éducation politique de leurs militants, devraient plus que jamais intégrer cet aspect dans leur fonctionnement.
“Le changement est un processus qui prend du temps et qui rencontre des resistances” ce message via votre article est à socialiser au sein de nos populations qui ne font qu’appliquer ce qu’elles ont appris à faire durant les 50 dernières années