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Gabon : BLA victime d’un acharnement judiciaire ?

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Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur de cabinet du président déchu Ali Bongo Ondimba était jugé le 24 mai dernier par la cour criminelle spéciale pour plusieurs chefs d’accusation dont ceux de détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux et concussion. Un procès qui s’est achevé au petit matin du samedi 25 mai et au terme duquel l’accusé a été condamné à 12 ans de prison et à 5 milliards de Fcfa de dommages intérêts. Si ce procès s’est achevé avec beaucoup de zones d’ombre, l’ancien collaborateur d’Ali Bongo n’en a pas encore fini avec la justice au point que beaucoup en viennent à s’interroger sur un possible acharnement de la justice. 

Lors d’un déplacement à Oyem, dans le cadre de sa tournée Républicaine, le président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema avait pointé une instrumentalisation de la justice dans le cadre des procédures engagées contre Brice laccruche Alihanga et d’autres personnes interpellées dans le cadre de l’opération « Scorpion ». Les incohérences relevées dans le procès du 24 mai, notamment celle ayant trait au refus de la Cour de faire comparaître certaines personnes clés, dont Ali Bongo Ondimba, participent de ce climat d’injustice, qui s’apparente à de l’acharnement vis-à-vis de Brice Laccruche Alihanga.

Ali Bongo intouchable ? 

De nouveau attendu à la barre le 30 mai, puis le 21 juin, respectivement pour détournement de fonds publics, complicité de détournement de fonds publics, instigation au détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, concussion, association de malfaiteurs, et pour détournement de fonds publics, soit quasiment des mêmes chefs d’inculpation qui l’ont emmené à la barre le 24 mai, Brice Laccruche Alihanga semble à l’évidence porter à lui seul le fardeau de 7 années de mal-gouvernance et de crimes économiques du régime d’Ali Bongo. D’ailleurs, le procès qui lui a valu la condamnation à 12 ans de prison dont 3 fermes est assez révélateur d’une justice qui ne semble pas rechercher la vérité. 

En effet, à la lecture de l’ordonnance de renvoi, et suivant les débats, certains noms ont été omniprésents sur l’épineux dossier Comilog ainsi que sur la gestion du compte privé d’Ali Bongo, duquel il a été acquis aux débats qu’il servait également à régler certaines difficultés au sein de l’administration, voire à récompenser de hauts fonctionnaires. Alors que les débats n’ont pas permis d’établir de manière certaine quelles étaient les sources d’approvisionnement de ce compte, ni démontrer que Brice Laccruche Alihanga, qui en était le délégataire ait agi en dehors des orientations d’Ali bongo en personne, la cour s’est contentée, sans plus d’éléments probants, de nier le caractère privé de ce compte et les origines privées des fonds qui servaient à l’approvisionner, alors qu’il aurait été plus simple pour la manifestation de la vérité, de délivrer un mandat d’amener à l’encontre d’Ali Bongo en personne, comme l’avait demandé Me. Anges Kevin Nzigou, avocat de Brice Laccruche Alihanga. 

Il en est de même pour Franck Yann Koubdje, alors Directeur général du budget et des finances publiques au moment des faits, qui exécutait également des transactions sur ce compte, et qui aurait pu apporter davantage d’éclairages dans ce procès. A défaut, la justice gabonaise a une fois encore manqué l’occasion de se crédibiliser devant le peuple au nom de qui elle est censée être rendue,  en conduisant un procès d’une telle importance, sans que des acteurs clés ne soient convoqués, au point d’alimenter le spectre d’une catégorie de Gabonais qui seraient protégés.  

Le comble de l’absurde dans ce rendu tient à la décision de la cour de suivre les réquisitions du ministère public sur les circonstances atténuantes. En effet, si ceux-ci ont été reconnus à l’accusé, c’est bien parce qu’il existe un vrai doute sur le fait que Brice Laccruche Alihanga agissait contre l’avis du propriétaire du compte, à savoir Ali Bongo Ondimba. Bafouant le principe en matière pénale en vertu duquel le doute profite à l’accusé, la Cour a imputé à Brice Laccruche Alihanga une peine de 12 ans de réclusion criminelle dont 3 ans fermes, assortie d’une amende de 100 millions de Fcfa et 5 milliards de Fcfa de dommages intérêts


Un choix d’une telle incohérence que ce qui semble se dessiner, c’est une justice en quête de bouc émissaires, mais qui cherche en même temps à laver la face, mais qui au final se discrédite davantage. Pour les Gabonais, redonner à la justice ses lettres de noblesse, reviendrait à étendre les poursuites à d’autres personnes publiques, d’autant plus que certaines pratiques décriées, telle que la manipulation de l’argent public sans traçabilité était généralisée au sein de la haute administration, si l’on en croit l’ancien ministre des Mines, Tony Ondo Mba, qui était co-accusé dans le procès du 24 mai. Au final, le sentiment qui se dégage de ce feuilleton est celui d’une classe dirigeante plus encline à des règlements de comptes, bien plus qu’à rendre justice au nom du peuple Gabonais. 

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