Gabon : Ali Bongo en trouble-fête de la diplomatie d’Oligui Nguema ?
Si depuis son renversement le 30 août 2023, les sorties publiques de l’ancien président de la République Ali Bongo Ondimba se sont faites rares, le curieux balai médiatique de ces dernières semaines, tendant pour ce dernier à se victimiser, interroge cependant sur la temporalité. En effet, c’est pile au moment où la diplomatie gabonaise et le président de la Transition s’attèlent à restaurer l’image du pays qu’il a largement contribué à écorner, que l’ancien président a choisi de jouer les trouble–fêtes au nom de ses intérêts égoïstes.
Grève de la faim par-ci, procédures judiciaires contre des supposés traitements inhumains infligés à ses proches par là, Ali Bongo a décidé de faire pression sur les autorités gabonaises en s’invitant aux discussions entre Emmanuel Macron et Brice Clotaire Oligui Nguema, afin de tenter d’obtenir la libération de son épouse Sylvia et son fils Noureddin. Curieuse démarche pour celui qui, aujourd’hui, recherche le soutien de Paris, après s’en être éloigné des années durant au profit du Commonwealth.
Ali Bongo définitivement contre les intérêts supérieurs de la nation ?
Les autorités gabonaises se démêlent depuis le début de la Transition à faire éviter au pays, mis sous perfusion par Ali Bongo Ondimba et ses proches, une faillite économique, en renouant les liens de confiance avec les différents partenaires au développement, en faisant tomber tour à tour les sanctions infligées à la suite du coup d’Etat, mais aussi en rassurant les partenaires politiques quant à la volonté des militaires de définitivement inscrire le pays sur la voie de la démocratie et de l’État de droit.
Des perspectives auxquelles ne s’accomode visiblement pas l’ancien président de la République, Ali Bongo Ondimba qui, selon un observateur de la vie politique, à défaut d’avoir réussi à réitérer son plan machiavélique de 2016, essaie désespérément d’entraîner le pays entier dans sa chute, en tentant de tuer dans l’œuf des opportunités de partenariats économiques, qui pourraient permettre de résorber le fléau du chômage, qu’il a engendré par son pilotage à vue du pays. Par ses sorties politiques hasardeuses, Ali Bongo essaie à minima de ternir l’image du Gabon à l’international, au risque de définitivement se positionner en dehors de l’arc républicain, duquel il s’en était d’ailleurs éloigné en posant des actions contraires à l’intérêt supérieur des Gabonais.
Ali Bongo frappé d’amnésie historique ?
Si pour obtenir la libération de ses proches impliqués dans des crimes financiers à grande échelle, Ali Bongo compte sur d’éventuelles pressions que pourrait exercer Paris sur le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, il semble oublier ses manœuvres tendant à éloigner progressivement le Gabon de la francophonie, au profit du Commonwealth. En effet, en dépit de ses propos rassurants visant à réaffirmer l’appartenance du Gabon à la grande famille francophone, Ali Bongo a renforcé les liens avec le cercle anglophone, et ses proches n’hésitaient d’ailleurs pas à se succéder sur les plateaux de télé, afin de vanter les mérites de la langue anglaise.
En outre, chaque Gabonais se souvient de cette scène d’un Ali Bongo Ondimba, au lendemain des événements du 30 août 2023, lançant un appel désespéré « aux amis du Gabon ». Si cette scène a pu paraître anodine aux yeux de l’opinion publique, le choix symbolique du président déchu de s’exprimer en anglais était l’illustration parfaite du mépris qu’il éprouve à l’égard du français. Alors qu’il tente désespérément de détourner l’attention sur son bilan calamiteux, les Gabonais sont plus que jamais tournés vers un désir de justice. Une aspiration à laquelle les autorités de la Transition devraient répondre, et qui pourrait conduire à des poursuites judiciaires contre le principal bénéficiaire de l’assaut du quartier général de Jean Ping en août 2016.